AGRIPPER, verbe trans.
Étymol. ET HIST. − 1. Ca 1200
agriper « arracher à » (
H. Andresen,
Eine altfranzösische Bearbeitung biblischer Stoffe, Halle, 1916, d'apr.
FEW t. 16
s.v. *
grîpan, p. 74);
2. a) apr. 1350? « saisir vivement » [ici, par image] (
Epitaphe de Phelippe d'Austrice ds
Gdf. Compl. : La mort qui tout
agrippe, point et pince);
b) ca 1426 «
id. » (
Arch. Nord, B 17639 dossier La Gorgne : Il doubte, se il venoit ung receveur qui fust une peu egre [pressé, avide] d'
agripper largement, qu'il ne voulsist poursievir iceulx heritages en disant qu'ilz debveroient aucuns arrerages);
c) 1460-1470 «
id. » (
Mystère des Actes des apôtres, vol. 2, f
o204a ds
Gdf. Compl. : Or sus donc qu'on les
agrippe, Et les menons vistement la).
Agripper verbe trans. est qualifié de terme
pop. ou
fam. dep.
Fur. 1690; d'où
3. arg.
a) 1752 « dérober » (
Le Roux :
Agriper. Pour prendre à l'improviste, subtilement, avec finesse, en cachette. Signifie aussi filouter, voler, dérober adroitement...);
b) 1808 «
id. » (
D'Hautel,
Dict. du bas-langage : Agripper. Synonyme d'Acciper, prendre à la dérobée, avec finesse et subtilité tout ce qui se trouve sous la main...);
4. entre 1599 et 1605 « être accroché » (Ph.
de Marnix,
Differ. de la Relig., II,
i, 7 ds
Hug. : Ils y rencontrent tant de hannicrochements, tant d'espines... qu'à chasque pas ils y demeurent
agrippez comme un pendart à la corde);
5. pronom. 1721 « s'accrocher »
a) fig. (
Saint-Simon,
Mémoires ds
Dict. hist. Ac. fr. t. 2 1884 : Il − Bourgck − quitta l'Espagne peu après mon retour, et s'en vint à Paris, où je le vis assez souvent, et où il ne put
s'agripper à rien);
b) av. 1746 «
id. » (
M. de Thémiseul ds
Trév. 1752 : Le Mousquetaire habile à déguerpir, Saute par la fenêtre, ouvre et
s'agrippe : en somme, S'élance comme il peut en bas Et tombe dessus un pauvre homme).
Dér. de
gripper* [
ca 1405]; préf.
a-1*. Les gloses dès le
xes. connaissent un lat. médiév.
agrippare « tâter, palper » :
anagrip : agrippare carnem feminae cum manu ds
CGL t. 5 1894, p. 491, glose à l'édit de Rotharis, roi des Langobards.
Agripper et
gripper remontant à un étymon a. b.-frq., on peut s'étonner de la date tardive d'apparition de ces mots dans la lang. littér. Une des causes en est peut-être l'existence en a. fr. des mots de même sens,
agrapper* et
graper. Il n'est pas nécessaire de recourir au m. néerl.
aengripen [« saisir »] (
Verdam 1964) comme le fait
Valkh. 1931, p. 152. Voir aussi
agrafer, agrapper, agriffer.