AGGRAVER1, verbe trans.
Étymol. ET HIST. − 1. Mil.
xies.
agravet, part. passé adjectivé « accablé (par la maladie) » (
La Vie de Saint-Alexis, éd. Storey, 289 : Sa fin aproismet, ses cors
est agravét); déb.
xiies.
agrever « accabler (qqn, en parlant de la maladie) » (
Loherains, Ars. 3143 f
o13c ds
Gdf.,
s.v. agrever : Por Dieu, font il, sire, ne nos celez Quez maladie vos a si
agrevez) qualifié de
vieilli par
DG;
2. « rendre ou devenir plus grave »
a) mil.
xies. « (d'une débilité phys., d'une maladie) devenir plus grave, plus dangereux » (
La Vie de Saint-Alexis, éd. Paris et Pannier, strophe 56 c : Molt li engrieget [var. ms. d'Ashburnham :
agrievet] lo soe enfermetet);
b) 2
emoitié
xiiies.
agraver « rendre (qqc.) plus violent » (
La Légende de G. de Roussillon, éd. Meyer, 147 ds T.-L. : la bataille
est agravee crüelment por la forsennerie des hommes [ingravatur]);
c) 1340
agrever « rendre (une faute) plus condamnable » (
Traité entre H. de Montfauc. et la bourg. de Montbel, Arch. K 2224 ds
Gdf. : En
agrevant le meffait que fait havoient); apr. 1370
agraver «
id. » (
Oresme,
Eth., 61 ds
Littré : L'estat de la personne
agrave le fait);
d) 1680 théol.
agraver (un péché) « l'augmenter » (
Rich. t. 1 : Circonstances qui
agravent le péché);
e) 1690 dr.
aggraver « rendre (une peine) plus lourde, plus pénible à supporter » (
Fur. :
Aggraver signifie aussi, Augmenter la peine deuë à un crime, la rendre plus griefve...);
3. 1488, 22 oct. relig. « frapper d'une aggrave » (
Lett. de Charl. VIII au pape ds
Gdf. Compl. : Et sans garder la forme qui se doit garder en tel cas, a excommenié,
aggravé, reaggravé et anathematizé nosdits peuple et sujets).
Empr. au lat.
aggravare, au sens 1 dep.
Suet.,
Iul., 1 ds
TLL s.v., 1314, 61 : morbo quartanae adgravante virum; au sens 2 a dep.
Colum., 2, 4, 7
ibid. 1314, 56 : ne imbecillitas ejus [pecoris] longis itineribus aggravetur; au sens 2 b dep.
Tite-Live, 4, 12, 7,
ibid., 1314, 36 : unum afuit bellum externum; quo si adgravatae res essent, vix ope deorum... resisti potuisset; au sens 2 c dep.
Vulg.,
Gen., 18, 20,
ibid., 1314, 68 : peccatum eorum aggravatum est nimis; au sens 3 lat. médiév.,
cf. aggravatus, 1359, part. passé adjectivé,
Stat. Synodaux de Bertrand de Turre, évêque de Toul, art. 74 ds
Du Cange s.v. aggravatus : parrochialium Ecclesiarum Rectores... habeant registra, in quibus nomina... excommunicatorum... Aggravatorum, Reaggravatorum... scribant. Très tôt apparaît la forme
agriever, agrever (Alexis, supra) due à une contamination de *
aggrevare d'apr. *
grevis, var. de
gravis, grief*. La forme
agraver (aussi dans
Alexis, supra) reprend l'avantage à partir du
xives., peut-être avec Oresme
(supra); cf. a. fr.
agregier « devenir plus lourd, empirer » dep.
Roland < *
graviare, dér. de
gravis.