AGACE, AGACHE, AGASSE, AGEASSE, subst. fém.
Étymol. ET HIST. − 1. xies.
agace « pie » (
Gloses du XIes., ms. Bruxelles, 10066-77, éd. R. de Cesare, ds
Aevum t. 27, 1953, p. 445, selon A. Goosse ds
R. belge Philol. Hist. t. 44, p. 985 : Picus. spectus inde pica.
agace);
ca 1288
agace «
id. » (
Renart le Nouvel, 163 ds
Le Roman de Renart, éd. Méon, t. 4, ds T.-L.
s.v. : Mehaus li
agace).
2. 1330-1332 pic.
agache «
id. » (
Guillaume de Digulleville,
Pèlerinage de la vie humaine, 7868, éd. Stürzinger, ds T.-L. : l'
agache < : chace. Par son crïer et agacier Nul oisel ne laisse anichier Pres de li);
3. av. 1549
agasse « pie (fig.) » (
Marg. de Nav.,
Dern. Poés., comedie jouee au Mont de Marsan, p. 70 ds
Hug. : Vous tenez bien la teste basse : Je croy que vous jurez sans faulte. − Mais à vous, mocqueresse
agasse, Set mal de la tenir sy haulte). À côté de ces trois formes existent encore de nombreuses formes région.,
cf. FEW t. 15
1, p. 6,
s.v. agaza. Le fr.
agasse, qualifié par
Cayrou 1948 de
vieilli et populaire au
xviies., semble pour les aut. de nombreux dict. une graphie moins bonne que
agace; agasse est signalé comme coexistant avec
agace dep.
Ac. 1798.
Empr. à l'a. h. all.
agaza « pie », l'un des trois dér. les plus connus de l'a. h. all.
aga «
id. », les deux autres étant a. h. all.
agalstra et
agastra «
id. » (
cf. n. h. all.
Elster « pie »). L'étymon a. h. all.
agaza est attesté au
xiiies. au sens de « pie » ds
Althochdeutsches Wörterbuch, éd. E. Karg-Gasterstädt et Th. Frings, t. 1,
s.v. (nom. sg.
Gl., éd. Steinmeyer et Sievers, 3, 463, 39, Florenz XVI, 5 :
agaza. agilstra pica); l'a. h. all.
aga est attesté au
xies. au sens de « pie »,
op. cit., s.v. (nom. sg.
aga, Gl. éd. Steinmeyer et Sievers, 4, 228, 3, Brüssel 10 072 : picus specter inde pica
aga). Pour des raisons chronol. le mot fr. du Nord ne peut pas avoir été emprunté à l'a. b. frq. La forme fr.
agasse est peut-être influencée par le prov.
L'a. prov. : 1. 1182,
Agassa, nom de famille (ds
C. Brunel,
Les plus anciennes chartes en lang. prov.; recueil des pièces orig. ant. au
xiiies.; suppl.; Paris, 1952, p. 96, Rouergue,
Don à l'abbaye de Bonnecombe par Oalric d'Albi; de ses droits seigneuriaux sur divers biens : [...] Guiral
Agassa); 2.
xiiies., a. prov.
agassa « agace, pie » (
Deudes de Prades,
Auzels cassadors, Bibl. de l'Arsenal, belles-lettres françaises, Ms. n
o55, vol. V.Z. ds
Rayn. t. 3
s.v. gacha : Que non prenda pic ni
Agassa Ni autre auzel que mal li fassa), semble emprunté au got. *
agatja (
Kluge 1967). Dans la partie nord du domaine occitan et la partie sud du domaine fr., sur une zone large d'env. 200 km, s'étendant de l'Océan aux Alpes, domine le type
ajasse, -g- étant devenu
-z̆-, développement phonét. qui indiquerait un empr. très anc. au got.,
FEW, loc. cit.
Le mot
agace a été en lutte avec les représentants du lat.
pīca. Le type germ.
agaza domine encore actuell. dans les dial. gallo-rom. à l'exception de la région parisienne, la Normandie et une partie de l'Ouest, de la Champagne et du domaine fr.-prov. où domine le type
pīca (pie*),
FEW t. 8,
s.v., p. 423, largement empl. par la lang. écrite et qui s'est finalement imposé en fr., reléguant
agace au niveau des dial.