AFFUBLER, verbe trans.
Étymol. ET HIST. − 1. Sens propre
a) 1080 trans. « recouvrir (qqn d'un vêtement) » (
Roland, 462, Müller ds
Gdf. :
Afublez est d'un mantel sabelin);
xves. pronom. (
Moralité de charité, Anc. Th. fr., III, 384,
ibid. : Tien ceste robbe,
afflube toy) vx en ce sens au
xviies. et considéré désormais comme burlesque (
cf. Rich.);
b) 1666 burlesque « habiller ridiculement » (
Cotin,
Crit. desintér., 53, Nouv. coll. Moliér. ds
Brunot t. 4, p. 595 :
Affublez une mariée de village d'un manteau royal... elle en sera seulement plus ridicule), empl. ordin. avec le pron. pers. (
cf. Ac. 1694), sens prédominant dès lors;
2. fig.
a) fin
xiies. « recouvrir (comme un manteau), envelopper (qqn ou plus gén. qqc. de qqc.) » (
Rou, II, 1486 ds T.-L. : Tant le [le cheval] hasta de puindre, qu'un[s] bois l'
out affublé);
b) 1600 pronom. « se charger » (
St François de Sales,
Defense de la Croix, I, 5 ds
Hug. : ... pourquoy n'honnorerons-nous le bois duquel Nostre Seigneur
s'affeubla au jour de son exaltation...?);
c) 1690 expr.
s'affubler de qqn « s'enticher de qqn » (
Fur. : On dit au figuré avec le pronom personnel,
s'affubler de quelqu'un, pour dire, en être coeffé et entesté).
Empr. au lat. vulg. *
affibulare « agrafer » (de
fibula « boucle, agrafe »), attesté seulement au
xiies. (
Hugues de Clères ds
Du Cange : Pallium, quo in Curia Affibulatus erit, Dispensatori dabitur), d'où l'a. fr.
afibler «
id. » très rare, puis
afubler, aflubler (l'
i s'étant labialisé en
u entre les 2 labiales
f, b).
Afflubler signifia effectivement dans un sens primitif « agrafer, attacher en agrafant, souvent le manteau ou le chaperon dont on se couvrait » (fin
xiies.,
Les Loher., Ars. 3143 f
o4 b ds
Gdf. : Et puis li
ont .I. mantel
aflunbé), attesté jusqu'au
xves. (
Gaguin,
Comm. de Ces., ibid.), maintenu toutefois sous la forme dial.
affuler au sens partic. et restreint de « coiffer », à rapprocher de « attacher ». De là, l'expr.
affubler un manteau pour dire « le vêtir, s'en couvrir », d'où l'accept. encore plus étendue de « couvrir, revêtir, habiller », attestée néanmoins la 1
reen discours. L'ordre d'attest. en discours se révèle inverse de l'ordre de filiation en lang.