AFFRONTER, verbe trans.
Étymol. ET HIST.
I.− 1. 1160-70 « abattre en frappant sur le front, assommer » (
Wace,
Rou, 2
ep. 4053 éd. Andresen ds
Gdf. : Od pels e od cros les poez
afrunter). − fin
xive, début
xves., Eust. Deschamps, emploi pronom. ds
Gdf.;
2. 1
ertiers
xiiies. « se tenir fermement en face de qqn, lui tenir tête » (
Vie Ste Leoc., Bibl. nat. 19152, fol. 24
cds
Gdf. Compl. : Messye ont mort que tant atendent, Descenduz est et remontez Qui les
avoit toz
afrontez);
3. 1501-1506 « confronter » (
D'Auton,
Chron., Richel. 5082 f
o2 v
ods
Gdf. : Jehan Courtoys fut par le prevost de l'ostel priz et mené a Disjon, et la avecques ledit d'Aspremont, messager,
affronté et enquis sur le faict de ladite traison, lesquelz d'Aspremont et Courtoys ainsy
affrontez recongneurent le prodicieulx pact). − 1611 (
Cotgr. Affronter glosé : [...] to come before, or face to face);
4. 1617 « placer face à face (en gén. pour la lutte) » (
Aubigné,
Faenest., ds
Gdf. Compl. : Voilà deux fort grands hommes
affrontez), demeuré comme terme d'hérald. (dep.
Fur. 1690).
II.− 1. 1221 « couvrir (qqn) de honte » (
Compl. de Jerusalem contre Rome, éd. Stengel 107 ds T.-L. : car aies honte De cest mesfait, car a vos monte; Forfait l'aves, bien le set on; Ceste traisons vos
affronte). − mil.
xives. « frapper, blesser » fig.,
Bastard de Bouillon ds T.-L.; repris au
xviies. au sens de « insulter », voir Ch.-L.
Livet,
Lexique de Molière, I,
s.v.);
2. fin
xiiies. « perdre toute honte » (
Sone de Nansay, éd. Goldschmidt, 12040 ds T.-L. : je ne puis ensi durer; Pour vivre m'estuet
afronter), demeuré comme part. passé adj. dans les dial. du Nord (
cf. liégeois
afronté « effronté »,
Haust,
Dict. liégeois, 14 b);
3. 1530-1568
affronter « tromper » (
La Boétie,
Regl. de mar. de Plut. ds
Gdf. Compl. : Et qui aura ouy dire d'Agonice la fille d'Hegeton le Thessalien que ce fut elle qui estant entendue aux generales eclipses de la lune, et prevoyant le temps qu'il advient que la lune se trouve prinse par l'ombre de la terre,
affronta les femmes, et leur feit accroire que c'estoit elle qui tiroit a soy la lune), qualifié de
peu usité par
Boiste 1834.
III.− 1510-1512 « (d'une terre) être limitrophe, contigu avec » (
Lemaire de Belges,
Illustr. I, 14 ds
Hug. : ... depuis le pié des monts Apennins
affrontans Italie, jusques aux monts Pyrenees.), seulement au
xvies., qualifié de
vieilli par
DG.
Dér. de
front*; préf.
a-1*, dés.
-er*. I 1 dér. de
front au sens propre. I 2, 3, 4 de
front considéré comme le côté où l'on se présente de face. II dér. de
front considéré comme le siège de la pensée ou du sentiment. III dér. de
front au fig. « face antérieure de certaines choses, frontière ».