AFFRONT, subst. masc.
Étymol. ET HIST.
I.− a) 1560 « action de braver » (
Pasquier,
Recherches, VIII, 3, ds
Hug. : « Piafer », que l'on approprie à ceux qui vainement veulent faire des braves, est de notre siecle, comme aussi... « faire un
affront » pour « braver » un homme). − 1611,
Cotgr. : [...] brauadoe;
b) 1588 « tromperie » (
L. Papon,
Pastourelle, I, 1 ds
Hug. : Pour les re-preserver de ceux qui re-seduysent, Soubz l'
affront des couleurs, les peuples ignorants). − 1611,
Cotgr. : [...] an impudent, and iniurious gullerie [...];
c) 1611 « offense, insulte faite en face, publiquement » sens actif (
Cotgr. :
Affront. An affront [...] wrong, or abuse, offered to a mans face; an impudent, and iniurious gullerie; a bold, scuruie, or cosening part, played a man openly); 1690 « déshonneur, honte éprouvée par qqn » sens passif (
Fur. : Se dit aussi de la honte que nous recevons nous-mêmes par nôtre faute, ou par celle de ceux qui nous touchent [...] Un criminel qu'on execute fait un
affront à toute sa famille. Quand un Predicateur demeure tout court en chaise [
sic], c'est un
affront que luy fait sa memoire).
II.− 1587 « attaque, choc » (
La Noue,
Discours politiques et militaires, XX, 430 ds
Hug. : Nos censeurs... [disent] de nostre Infanterie qu'elle escarmouche bravement de loin, et que nostre cavalerie a une furieuse boutee à l'
affront, puis apres qu'elle s'accommode), seulement au
xvies.
Déverbal de
affronter* étymol. II et III. L'hyp. d'un empr. à l'ital.
affronto (
DG, Batt., Dauzat, Kohlm. 1901, p. 27;
Sar. 1920, p. 51,
Wind. 1928, p. 178) ne semble pas justifiée étant donné que le sens d'« attaque » est seulement attesté en cette lang. dep. le
xvies. (Berni [1497-1535] ds
Batt.), celui de « offense, insulte » seulement dep. la même date (Caro Annibal [1507-1566]
ibid.), celui de « tromperie » dep. 1937 (Silione né en 1900, ds
Batt.). (L'ital.
affronto est attesté au sens de « rencontre entre combattants », dep.
xiiies. Dante). La dér. a donc pu se faire en fr. à partir des sens corresp. ant. de
affronter.