ADMINISTRATEUR, TRICE, subst. et adj.
Étymol. ET HIST. − 1. Fin
xiies. adj.,
aministreor (esperit) « (esprit) chargé d'un service [désigne les Chérubins] » (
St Bernard,
Serm. fr., ms., p. 324 ds
La Curne t. 1 1875 : Cherubin, ce dist li Profète... sunt
aministreor espirit por ceos ki doient receoivre l'éritaige de salveteit); 1542
administrateur, subst. « serviteur » attest. isolée (
P. de Changy,
Office du mary [trad. du lat.], éd. Delboulle, chap.
iii ds
Hug. : Elle soulage les sollicitudes du mary, elle ministre et sert plus diligemment que chambriere quelconque ou autre
administrateur qui le faict pour loyer, mais la femme y va par seul amour);
2. a) 1262-1268
aministreor « celui qui donne, qui distribue » (
Brunet Latin,
Tresor, éd. Chabaille, p. 418 : [lettre de Philippe à Alexandre] ... tu fais tant que cil de Macedoine ne te tenront pas por roi, mais por
aministreor et por doneor. Cil qui reçoit en devient peres; car toz jors est en atendance que tu li dones);
b) 1600
administrateur des sacremens « celui qui distribue les sacrements » (
St F. de Sales,
Défense de la Croix, éd. Visitation Annecy, III, 6 ds Hug) est une des dernières attest. du sens 2;
3. 1140-1200 dr., graphie du
xives.
administratour « celui qui a pour mission de gérer (biens, affaires) » (
Vie de St Evroult, 2133 ds
Barb. Misc. 2 1925-28, p. 94 : Tres diligent procuratour Fu et bon
administratour); 1283
id., aministreres, forme du cas suj. sing. «
id. » (
Beaum.,
Cout. Beauvaisis, éd. Beugnot, IV, 27 ds
Gdf. : Li sires veut que li deerrains procureres soit
aministreres des cozes aussi du tans passé comme du tans a avenir); 1290
id., administrateur « (admin. communale)
id. » (
Giry,
Rec. textes enseign. hist., 139 ds
R. Hist. litt. Fr., 1, p. 490 : La tricherie des
administrateurs par lesquels la commune aura esté damaigé).
Empr. au lat.
administrator attesté une fois en lat. class. au sens de « celui qui a la charge de » (
Cic.,
Orat., 1, 210 ds
TLL s.v., 730, 65 : administrator... belli gerendi) fréq. comme terme jur. à partir fin
iies. en relation avec certaines fonctions publiques : -rerum civitatis (fin
iie-début
iiies.,
Paulus,
Digest.), -spectaculorum (
Tert.,
Spect.), -rationum quinque provinciarum
(CIL); mêmes emplois en lat. médiév., tant affaires eccl. que publiques à partir
ixes. (ds
Mittellat. W. s.v., 208, 63 sq.), d'où 3; à noter qu'en ce sens lat.
administrator n'est concurrencé par aucun autre terme. 1, sens issu de
administrer I 1, ne représente pas lat.
administrator, mais
administrer, ministrator (a. fr.
menestreur « serviteur ») ou
minister, synon. de
famulus (a. fr.
menistre);
aministreor esperit traduit
ministratorii spiritus (
cf. Itala, Hebr., 1 14 ds
Orig.,
In Mattheum, 18, 64 ds
TLL s.v. ministratorius 1017, 2
: angeli sunt ministratorii spiritus ad ministerium destinati);
cf. cependant isolément lat. médiév.
administrator « celui qui aide » 958-962 :
Liutprand,
Antapodosis, 6, 2 ds
Mittellat. W. s.v., 209, 18 : ut fidelis ei [regi] esset administrator, cui... exstiterat gubernator. 2, sens issu de
administrer II 2 b, ne représente pas lat.
administrator, mais
minister (
ves.
Marius Mercator,
Conc., S.I, 5 p. 25, 13 ds
TLL s.v. minister, 1004, 20 : largitor et minister tantorum bonorum) ou
ministrator, synon. de
praebitor (emploi fig. ds
Ambr.,
De spiritu sancto, 2, 9, 91 ds
TLL s.v. ministrator, 1016, 67 : auctorem vitae et ministratorem gratiae suae ac muneris);
cf. de même avec 2 b :
vies.
Rusticus,
Conc., S.I, 3, p. 145 ds
Blaise 1954 : eius [Christi] sacramentorum ministri. Formes adaptées
aministreor, aministrere (
cf. lat.
amministrator, admenistrator ds
TLL s.v., 730, 61-62;
amministrater ds
Mittellat. W., s.v., passim).