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ADAPTATION, subst. fém.
Étymol. ET HIST. − 1. 1501 « action d'adapter, d'appliquer un élément à un autre qui lui est approprié » emploi fig. (Gui Jouveneaux, [Regula beati patris Benedicti e latino in gallicum sermonem], fol. 79bds Gdf. Compl. : Par prudente adaptation de la medicine a l'indisposition); 1561 « état de ce qui est ajusté de manière convenable » sens propre appliqué à la méd. (Pierre Franco, Traité des hernies, 519 ds Quem. t. 1 1959 : Les os de la jambe s'accourcissent, si l'adaptation des os n'est bien gardée par une bonne déligature); 2. 1539 rhét. « appropriation, convenance (d'un mot à une idée) » (Gracien Du Pont, L'Art de rhétorique metrifiee, fol. 28, ibid. : Lay est un nom ancien a plaisir, duquel, pour tant que j'aye travaillé mon esprit, je n'ay sceu trouver aulcune bonne approbation, ny adaptation en la dicte forme, pour qu'elle voulsist dire quelque chose substantielle); 1578 « convenance, application d'une œuvre littéraire, à un personnage, à une situation nouvelle » (Vigenère, Tableaux de Philostrate, 679 [1611], ibid. : Isaac Tzezes... s'estend ainsi ouvertement a l'adaptation de sa fable); pour ces différents sens on trouve l'indication vieilli ds Ac. 1718; guère en usage ds Ac. 1762; peu usité ds Ac. 1878. Ce n'est qu'en 1932 qu'Ac. enregistre des sens modernes : Adaptation d'un roman au théâtre... L'adaptation d'un organe à ses fonctions. Empr. au lat. médiév. adaptatio; 1 au sens propre : ca 1225, Pseudo-Galenus, Anatomia, 1 ds Mittellat. W. s.v., 158, 44 : exigitur adaptatio et praeparatio organorum multiformium ad texturam corporis humani ordinandam; 2 ca 1270-80, Albert Le Grand, Mus., 1, 2, 2, ibid., 158, 60.

Mise à jour de la notice étymologique par le programme de recherche TLF-Étym :

Histoire :
A. 0./B. 0./B. 1./B. 3. « action de s'adapter ou d'adapter, résultat de cette action ». Attesté depuis apr. 1451 [dans une œuvre de théologique mystique sur le thème de la connaissance de soi] (Ciboule, Livre saincte meditacion, page 185, in DMF2009 : estans ta consideracion sur toy mesmes qui es terre quant au corps, tu y trouveras grant latitude de diverses choses et merveilleuses, et par ceste meditacion tu loueras ma puissance, ma sapience et bonte. Considere quant au corps la matiere, la forme, la multitude des menbres et la connexion, lordre et adaptacion diceux, comment ilz servent naturellement lung a lautre et secourent lung lautre). Première attestation lexicographique : 1611 (Cotgrave : Adaptation. An adapting, fitting, or suiting of one thing to another. Contrairement à ce qu'indique le FEW 24, 133b, et à sa suite le DHLF, le terme n'apparaît pas une toute première fois isolément au 13e siècle, étant donné que le texte cité par GdfC (Expos. reigle S. Ben.) est probablement plus tardif et serait à dater du 15e siècle (cf. BibliographieGodefroy). - 
B. 2. « travail par lequel on transforme une œuvre culturelle pour changer sa destination, l'œuvre nouvelle ainsi réalisée ». Attesté depuis 1539 [en rhétorique] (Gracien du Pont, Art, folio 29, in Gallica : Lay est vng nom ancien à plaisir, duquel pourtant que iaye trauaille mon esperit, ie nay sceu trouuer aulcune bonne approbation, ny adaptation en la dicte forme, pour quelle voulsist dire quelque chose substantialle). - 
A. 1. a. « état de ce qui est naturellement approprié (terme de biologie) ». Attesté depuis 1862 (Royer, De l'origine des espèces1, chapitre 3, page 74, in Google, Recherche de Livres : Ces merveilleuses adaptations nous frappent dans le Pic et le Gui ; elles existent bien […] en un mot, dans le monde organique tout entier, comme en chacun de ses détails nous voyons d'admirables harmonies [texte anglais adaptations, Peckham, Origin, page 144]). - 
A. 1. b. « processus par lequel un être ou un organe s'adapte naturellement à de nouvelles conditions d'existence (terme de biologie) ». Attesté depuis 1862 (Royer, De l'origine des espèces1, chapitre 5, page 173, in Google, Recherche de Livres : Nous avons toutes raisons de croire que les espèces à l'état sauvage sont étroitement limitées dans leur extension, autant, ou même plus, par la concurrence d'autres êtres organisés, que par leur exacte adaptation [texte anglais adaptation, Peckham, Origin, page 287] à tel ou tel climat particulier). - 

Origine :
A. 0./B. 0./B. 1./B. 2./B. 3. Transfert linguistique : emprunt au latin médiéval adaptatio subst. fém. « rapprochement fondé sur l'existence de qualités communes à deux choses » (attesté depuis 12e siècle, Saint Bernard, Sentences, in Tilliette, ACMAR 2005, 297 ; ca 1230‑1267, Latham, Word‑list ; Latham, Dictionary ; Du Cange). Saint Bernard de Clairvaux désigne ainsi la mise en correspondance de deux séries hétérogènes, à savoir les sept dons du Saint‑Esprit et les sept apparitions du Christ ressuscité. Au moyen âge, l'emploi du terme est associé à la pratique de la prédication (Tilliette, ACMAR 2005, 296‑297). Cf. von Wartburg in FEW 24, 133b, adaptāre, qui envisage, à tort, le mot comme un dérivé d'adapter*.
A. 1. a./b. Transfert linguistique : calque de l'anglais adaptation subst. « processus d'ajustement à de nouvelles conditions » (attesté depuis 1790, Paley, d'après OED2, plutôt que seulement depuis 1802, Tort, Darwinisme, s.v. adaptation, 16). Le terme semble être entré en français à travers la traduction de l'œuvre‑clef de Darwin, De l'Origine des espèces, faite par la conférencière autodidacte Clémence Royer en 1862. Le substantif adaptation est utilisé par Darwin [1809‑1882] dans la première édition de 1859 de L'Origine des espèces. Il semble l'avoir emprunté à William Paley [1743‑1805], philosophe britannique, membre du clergé anglican, dont les ouvrages ont beaucoup influencé Darwin et chez qui le terme apparaît dès 1790. « Le point de rencontre entre Darwin et Paley […] réside dans le concept d'adaptation, intrinsèquement corrélé chez Paley à celui de perfection ». Ce concept qui est l'un des problèmes majeurs de l'histoire naturelle est le lien qui unit Darwin à Paley tout en étant le pivot de deux conceptions antagonistes de l'économie naturelle (issue de la tradition linnéenne). La perspective de Paley est arrimée à une vision fixiste du vivant et à une pré‑adaptation universelle, tandis que celle de Darwin repose sur une vue radicalement anti‑théologique et en la croyance de la puissance de la sélection illimitée (Tort, Darwinisme, s.v. Paley, 3335‑3340 ; s.v. adaptation, 16‑30 ; Devillers, Théorie, 69‑91). Cf. von Wartburg in FEW 24, 133b, adaptāre, qui ne se prononce pas sur l'origine de ce sens.Le mot adaptation est d'abord employé au 15e siècle au sens d' « action de s'adapter ou d'adapter, résultat de cette action » (A. 0.). Au 16e siècle, il est introduit en rhétorique pour désigner l'adaptation d'une œuvre narrative à une situation (B. 2.). Le terme adaptation, qui fit son entrée en sciences naturelles dans la seconde moitié du 19e siècle, pour désigner l'appropriation d'un organe ou d'un organisme à l'accomplissement d'une fonction vitale dans des conditions données notamment l'état structuro‑fonctionnel de cette adaptation, résultant de ce processus, est un calque de l'anglais adaptation, employé dès 1859 par Charles Darwin dans la première édition de The Origin of species (A. 1. a./b.). L'adaptation favorise l'accommodation ou l'acclimatation des organismes à leur environnement. Les adaptations découlent de la sélection naturelle, c'est‑à‑dire que les individus sont pourvus de caractères héritables qui leur permettent de survivre et de se reproduire. Les adaptations provoquent, ainsi, un ajustement apparent entre un organisme et son milieu. Elles sont souvent complexes et aident les organismes à accomplir des fonctions fondamentales, telles que la capture de la nourriture, l'attraction du partenaire, la reproduction et la défense contre les prédateurs. L'évolution adaptative ne crée pas des organismes parfaits. Elle peut être limitée par des contraintes génétiques, des exigences liées au développement et des compensations écologiques (Tort, Darwinisme, s.v. adaptation, 21‑30 ; s.v. Mayr, 2850‑2851 ; Cain, Biologie, 339‑353).


Rédaction TLF 1971 : Équipe diachronique du TLF. - Mise à jour 2009 : Cécile Haut. - Relecture mise à jour 2009 : Nadine Steinfeld ; Yan Greub ; Stephen Dörr ; May Plouzeau ; Jennifer Gabel.Première mise en ligne : 17 mai 2010. - Dernière révision : 2 juillet 2010. - Mise en ligne : 13 juillet 2010.