ACUITÉ, subst. fém.
Étymol. ET HIST. − 1. 1256 « saveur aigre » (
Reg. de santé, f
o41 r
ods
Gdf. Compl. : Fromage vieulx ayant
acuité grande, habondance de presure); d'où, par affaiblissement et sans nuance péj. :
xvies. « saveur piquante » (
Paliss., 148 ds
Littré : L'on trouve au goust de la langue la mordication et
acuité dudit sel), attest. isolée;
2. a) av. 1320 « qualité de ce qui est aigu » (
B. de Gordon,
Pratiq., I, 24 ds
Gdf. Compl. : Pointure et
acuité. [emploi difficile à préciser étant donné le manque de cont.]);
b) xviiies. mus. «
id. en parlant du son (
J. J. Rousseau d'apr.
Besch. 1845
s.v. : il n'y a pas, disait J. J. Rousseau, de corrélatif au mot
gravité, car celui d'
acuité n'a pu passer); 1819
id. «
id. » (
Boiste :
Acuité, hauteur d'un son, t. de musique);
c) sens fig. 1832 «
id. (des qualités intellectuelles) »,
supra ex. 14; av. 1870 « finesse, pénétration (du regard) » (A. Dumas d'apr.
Journet-Petit t. 1 1966 : D'Artagnan redoubla l'
acuité de ce regard auquel nul secret ne résistait);
3. 1578 « intensité d'une sensation (douleur) » (
Joub.,
Gr. Chir., p. 669 ds
Gdf. Compl. : En reprimant l'
acuité ou poincte du sang); fin
xvies. «
id. » (
Paré, XVIII, 45 ds
Littré : Tel sang coule avec
acuité et douleur).
Du b. lat.
acuitas attesté ds l'emploi 2 c dep. Ps.
Greg. M.,
in I Reg., 5, 3, 32 ds
TLL, 456, 33
s.v. : acuitatem ingenii non acutam habent, sed retusam; au sens 1
xiie-
xiiies.,
Geberus,
Summ., 1, 51, p. 594 ds
Mittellat. W., 140, 62 : acuitas salis; ds l'emploi 2 b,
Albert. M. (?),
Animal. quaest., 19, 10/11, p. 307, 41,
ibid., 140, 70 : acuitas vocum consistit in tenuitate et subtilitate.
− L'hyp. d'une réfection de
agüeté «
id. » d'apr. lat.
acutus (
DG, EWFS2) fait difficulté du point de vue chronol., le m. fr.
agüeté (dér. de l'a. fr.
agu, voir
aigu) n'étant pas attesté avant le 1
erquart du
xives.;
agüeté est devenu
agüité (cour. du
xives.) prob. sous l'influence de
acuité; ce dernier a évincé
agüeté-agüité et l'a. fr.
agüesse («
id. » dep.
xiies.).