ACQUITTER, verbe trans.
Étymol. ET HIST.
I.− 1. 1100 emploi fig., attest. isolée,
aquiter la vie « racheter la vie » (
Roland, éd. Bédier, 492 : Se de mun cors vœil
aquiter la vie, Dunc li envei mun uncle l'algalife; Altrement ne m'amerat il mie); apr. 1160 « racheter (les gages) » (
Wace,
Rou, éd. Andresen, III, 1932 ds T.-L. : Les guages prist sis
aquita); 1172-74 « payer (ce que l'on doit) » trans. (
G. de Pont Ste Maxence,
Vie de St Thomas le martyr, éd. Hippeau, 4440 ds T.-L. : ses dettes...
aquiter); 1218-1225 «
id. » réfl. (
G. de Coincy,
Les Miracles de la Ste Vierge, éd. Poquet, 123, 620 ds T.-L. :
s'acuita de sa dete A la mort mes bons abbes Miles); d'où
2. ca 1170, au Moy. Âge seulement, peu attesté « quitter, abandonner » (
B. de Ste Maure,
Chron. des Ducs de Normandie, éd. C. Fahlin, t. II, 37 374 : Vencuz, desconfiz e fuitis Tot
acuiterent le païs); 1238, mars, dr. « céder », localisé dans le Nord-Est de la France (Meurthe, Meuse, Moselle) au
xiiies. surtout (Mars 1238,
S. Nic. de Verd., Arch. Meuse ds
Gdf. : Je Jofroi sires de Nonsart... j'
ai aquitei et otroié par le lous de ma femme et de mes oirs as freires de Seint Nicholai... toute l'asmone...).
II.− 1. Ca 1100 « délivrer un pays » (
Roland, éd. Bédier, 869 : Se Mahumet me voelt estre guarant, De tute Espaigne
aquiterai les pans Des porz d'Espaigne entresqu'a Durestant); figure encore dans ce sens ds Nicot 1606 et
Cotgr. 1611;
2. a) apr. 1160 « remplir sa promesse » trans. (
Wace,
Rou, éd. Andresen, III, 3351 ds T.-L. : a Willeame le (le chastel) rendi Pur
aquiter, ceo dist, sa fei); 1165 «
id. » pronom. (
Chrét. de Troyes,
Guill. d'Angleterre, éd. Fœrster, 1919 ds T.-L. : Mes de mon seiremant
m'aquit); 2
emoitié du
xiies. « justifier sa conduite (en remplissant son devoir) » (
Norn et Rimenhild, éd. Michel, 2037,
ibid. : Ja sui jo fiz de rei; si n'est pas mun mester Ke jo par serement
me deie unc
aquiter); 1209
s'aquiter a « faire son devoir (envers qnn) » réfl. (
Renclus de Molliens,
Le Roman de Miserere, éd. Van Hamel, 198, 3 ds T.-L. : Droite voie est de mariage. Chou est castées se sans rage
S'aquite cascuns
a sen per).
III.− xiiies. « absoudre, pardonner » (
Rutebeuf,
Œuvres, éd. Jubinal, III, 5 ds
Littré : La Magdelene [il] visita, De toz ses pechiez l'
acuita, Et la fist saine).
IV.− Début
xiiies. « libérer d'une redevance » (
Villehardouin, XXXV ds
Littré : Nous ne sommes mie tant de gent que nous puissions
estre acquité de nostre passage paier).
Dér. de
quitte* : I de
quitte étymol. 4; II de
quitte étymol. 3; III de
quitte étymol. 1.