ACQUIESCER, verbe intrans.
Étymol. ET HIST.
I.− 1. Ca 1327 trans.
acquiescer (datif de pers. + inf.) « permettre (à qqn de + inf.) » (
J. de Vignay,
Mir. hist., 27, 87 [éd. 1531], Delboulle ds
Quem. t. 1 1959 : Voyons se il [notre cœur] nous
acquiesce toutes les choses qui sont au monde délaisser), attest. isolée;
2. a) terme gén. 1371-1375 intrans.,
acquiescer a « se soumettre à (qqc.) » (
Raoul de Presles,
Cité de Dieu, 6, Exp. sur le chap. 1 [1531]
id., ibid. : Que toutes fois ceulx contre lesquelz il a disputé veullent obeyr et
acquiescer a raison);
b) 1341-1409 jur.
id. «
id. » (
Reg. du Châtelet, II, 147 ds
Gdf. Compl. : Consideré que, pour ses delis fais et commis, il a autrefois esté bany, et
audit ban
acquiescé);
c) 1687 domaine intellectuel « donner son assentiment à, approuver (une idée, une doctrine) » (
La Bruyère,
Caractères, éd. 1775, 16 ds
Littré : Si l'on me dit que je puis du moins
acquiescer à cette doctrine);
3) 1327 emploi abs. « donner son assentiment », terme jur. (
J. de Vignay,
op. cit., 25, 81,
ibid. : En l'élection duquel commë aucuns prins palatins, ne voulsissent
acquiescer).
II.− 1513 sens étymol. « se reposer » (
Lemaire de Belges,
Concorde des 2 langages, I ds
Œuvres, éd. Stecker, III, 112 ds
Hug. : La n'ot on rien, que plaisance et liesse... Tout à soulas s'y deduit et
acquiesce), seulement au
xvies.
Empr. au lat.
acquiescere dep. Plaute « se reposer » (
Asinaria, v. 326 ds
TLL s.v., 422, 61 : placide... rogita, ut adquiescam non vides me ex cursura anhelitum etiam ducere?), d'où II; emploi fig. dep. Cicéron, constr. avec ablatif seul ou
in + ablatif :
Pro Laelio, 101,
ibid., 423, 48 : senes in adulescentium caritate adquiescimus, d'où II; de cet emploi, dès le
iers. av. J.-C., celui de « avoir confiance en, donner son assentiment à » (
De bello Africo commentarius, chap. 10 § 4 ds
TLL s.v., 424, 9 : huic imperatori adquiescebant homines et in eius scientia... omnia sibi proclivia... fore sperabant), qui se développe en lat. chrét. :
Itala et
Vulgate, I, Tim., 6, 3 : non adquiescit sanis sermonibus Domini, et en lat. jur. :
Ulpien, 49, 1, 3, 1,
ibid., 424, 20 : quasi adversus ipsos adquieverit sententiae (
cf. lat. médiév., 829-876,
Dipl. Louis le Germ., 66 ds
Mittellat. W. s.v., 122, 24 : acquiescere judiciis), d'où I 2; même sens dans l'emploi abs. (
Ulpien, 27, 4, 1, 4 ds
TLL s.v., 424, 21 : si reprobata est haec reputatio et adquievit ille;
cf. lat. médiév.
ca 950-1024 :
Thangmar,
Vita Bernwardi, 2 ds
Mittellat. W. s.v., 122, 38 : rogatus, ne ab eo discederet... acquievit), d'où I 3. Au sens de « permettre de (+ inf.), constr. lat. soit avec
ut (dep. Cyprien ds
TLL s.v., 122, 34), soit avec inf. (ds
TLL s.v., 424, 80 sq;
cf. lat. médiév.,
Lex salica, Merov., Decret. Childerici, 2, 4 ds
Mittellat. W. s.v., 122, 32 : forsitam... iudex consenserit et fortasse adquiescat istum farfalium custodire), d'où I 1.