ACONIT, subst. masc.
Étymol. ET HIST. − 1. Ca 1160 bot. « plante toxique » (
Eneas, 2580-6, éd. Salverda de Grave : De sa boche chiet une escume; Une erbe an naist mortel et laie, N'an boit nus hom a mort nel traie, Senz mort n'an puet nus hom goster;
Aconita l'oï nomer : Ce est l'erbe que les marastres Donent a boivre a lor fillastres);
2. 1213 « suc de la plante », plante médicinale (
Fets des Romains, 500, éd. Flûtre et Vogel : Lors vint Ericto, si lava les plaies que li cors avoit ou piz et aillors dou viez sanc et dou venim, puis prist
aconite − c'est uns venims qui chiet de la lune, − et de tot les feons qui nessent contre nature), emploi rarement attesté par la suite, mentionné par
Fur. 1690 et
Trév. 1704 comme terme de méd. chez les Anciens; à partir du début du
xixes., il est couramment signalé comme terme de thérapeutique (
Ac. 1835, sém. ex. 10).
Empr. au lat.
aconitum (transcription du gr. α
̓
κ
ο
́
ν
ι
τ
ο
ν) dont Pline esquisse de fausses étymol. :
Nat. hist., 27, 10 ds
TLL s.v., 420, 3 : nascitur in nudis cautibus, quas aconas nominant, et ideo aconitum aliqui dixere [< lat.
acone « pierre à aiguiser »]... alii quoniam vis eadem esset in morte, quae cotibus in ferri acie deterenda statimque admota velocitas sentiretur [< gr. α
̓
κ
ο
ν
ι
τ
ι
́ « sans peine »]; attesté dep. Ovide, fréq. ds Pline, mais selon
André 1956
s.v. désigne une plante à racines toxiques d'espèce difficile à préciser, différente du genre
aconit, synon. lat. : (ds
Pline,
ibid., index auct., 27, 2 ds
TLL s.v., 420, 15)
thelyphonon cammaron, pardalianches. Au sens de « aconit » spéc.
aconitum Napellus L. ds
Dioscorides latinus, 4, 74,
ibid., 419, 72 : de aconitu alteroaconitu altero, quem licocto<n>on dicunt...
(cf. André 1956,
s.v. lucoctonon); le lat. médiév. ne semble connaître que cette 2
eaccept.
(Gloss. lat.-theodiscae, 185, 18 ds
Mittellat. W. s.v., 120, 48 : acconitum luppewurz; voir
André 1956,
s.v. lupāria). Au sens « suc vénéneux de l'aconitum » (sans précision de la nature de la plante) dep.
Ovide,
Mét., 1, 147 ds
TLL s.v., 420, 19 : lurida terribiles miscent aconita novercae;
cf. 1
remoitié du
ixes.
Walahfrid Strabo,
De cultu hortor., 205 ds
Mittellat. W. s.v., 120, 50 : dapibusve aconita dolosis tristia confundunt.