AC(C)ON,(ACON, ACCON) subst. masc.
Étymol. ET HIST. − 1650,
Mén. :
Acons. Les Poitevins appellent ainsi ces petits bateaux avec lesquels ils vont par les marais et que celui qui est dedans mène en poussant la terre avec le pied; 1776,
Encyclop. Suppl. t. 1,
s.v. : C'est un bateau ayant la forme d'un quarré long et à fond plat, dont on se sert dans différents pays (...) dont on se sert à Saint-Domingue pour faire l'eau des vaisseaux, et pour le transport des denrées du pays...; 1872 pêche aux huîtres,
Littré; 1928 chargement des navires de commerce,
Lar. 20e.
Le mot, poit. à l'orig. (
cf. Mén. 1650) et localisé particulièrement dans l'ouest de la France, Anjou, Saintonge (
cf. FEW t. 16, p. 592) a pris des sens légèrement différents suivant les régions ou pays où il s'est implanté et l'usage qui était fait de cette embarcation. Passé dans les pays coloniaux (
cf. sup. Encyclop. Suppl.), il a atteint ensuite les ports de la Méditerranée où il est attesté en prov. (
cf. Mistral :
lacoun, acoun : espèce de ponton qui sert à décharger ou à charger les navires...). Ce sens est vraisemblablement à l'orig. du sens fr. le plus récent de ce mot
(cf. sup. Lar. 20e). La localisation du mot à l'orig. et les circonstances hist. de la guerre de Cent ans permettent de supposer un empr. à l'angl. sax.
naca « barque » (
Behrens ds
Z. rom. Philol. 14, 366,
FEW, loc. cit.) mot très attesté dans les lang. germ. : a. nord.
nokkvi « bateau, barque » (
De Vries 1962) a. sax.
nako (ibid.) a. h. all.
nacho « barque » (
Graff t. 2 1834-46, p. 1014) m. néerl.
ake « chaland » (
Verdam 1964) m. h. all.
nache « barque » (
Lexer 1963, p. 30) all. mod.
Nachen. La chute du
n initial est expliquée par
Behrens,
loc. cit. par la confusion de ce
n avec celui de l'art. indéfini, déglutination fréq. (ex. ang.
aufrage à côté de
naufrage, de même que dans les lang. germ. m. néerl.
ake à côté de
naak ds
Kluge 1963, p. 20). On aurait formé alors un dimin. en
-on sur le modèle d'autres noms de bateau (ex.
polacron, carraquon, frégaton). L'hyp. d'un frq.
nako (
Gam.,
Rom., t. 1 1934, p. 99;
EWFS2) est peu vraisemblable étant donnée la date d'apparition tardive du mot et sa localisation géogr. L'hyp. de
accon dimin. de
aque < néerl.
aak (
Kemna 1902, p. 161;
Falk,
Altnordisches Seewesen ds
Wörter und Sachen, Valk. 1931, pp. 47-48,
Boulan 1934, p. 131), est improbable vu les dates d'apparition respectives de ces deux mots et la localisation géogr. de
accon.