ACHEVER, verbe trans.
Étymol. ET HIST. − 1. 1100 trans. « mener à terme » (
Roland, éd. Bédier, 3578 : Ceste bataille n'en est mais destornee : Seinz hume mort ne poet
estre achevee); apr. 1170 « se terminer », pronom. (
Benoit de Sainte Maure,
Chron. des Ducs de Norm., éd. C. Fahlin, 6525 : Se il puent, si se desfendent;
S'achever puet ci nostre afaire);
xiies. intrans. « être mené à fin, prendre fin » (
Vie de Ste Cath. d'Alexandrie, Richel. 23 112, LX, 41 ds
Gdf. : La vie d'ome tost
achieve) qualifié de
vieilli par
Littré et
DG;
xvies. loc. fam.
pour l'achever de peindre « mettre le comble à son malheur » (
Rabelais,
Pant., III, 9 ds
Littré : Si ma femme se mocquoit de ma calamité, ce seroit
pour m'achever de peindre) syntagme qualifié de
vieilli par
DG; 1559 emploi abs. « terminer son discours » (
Amyot, trad. Plutarque,
Œuvres morales, Comment il fault ouïr, IV ds
Dict. hist. de la lang. fr. publ. par l'Ac. fr., t. 1, 1865 : Il a patience, neantmoins, et attend jusques à ce que celuy qui parle
ait achevé);
2. a) 1534 « donner le coup de grâce, tuer » (
Rabelais,
Gargantua, I, 27,
ibid. : Adoncques... commençarent esgorgeter et
achever ceulx qu'avoit desja meurtris);
b) xvies. part. passé adj.
achevé « accompli, qui a les qualités de son genre » (
Marguerite de Valois,
Mémoires, année 1577,
ibid. : Ce que je recognus en ceste ville [Cambray] d'estime et de remarque, fust la citadelle, des plus belles et des mieux
achevées de la chrestienté);
c) 1614 « consommer la ruine de qqn, l'accabler » (
Hulsius,
Dict. françois-alemand et alemand-françois, d'apr.
FEW t. 2, p. 339b).
Dér. du syntagme a. fr. a
chief (
a chief venir de « venir à bout de »,
xiies.;
traire a chief, intrans. « se terminer »
xiies.;
id. trans. « mener à bonne fin, terminer »
xiies.), dés.
-er. L'a. fr.
eschever xiies.,
chever xiiies., sont des réfections de
achever. Malgré l'ancienneté des corresp. rom. (a. esp., 1140,
Cid ds
Cor.; a. cat., 2
emoitié
xiiies., Llul ds
Alc.-Moll; a. port.
xiiies. ds
Mach. t. 1 1967; a. prov.,
xiies., Peire Vidal ds
Rayn.), le fait que le mot n'est pas autochtone en ital. (ital.
accapare « achever », 1531-1601, Caporali ds
Batt.) et qu'il n'est pas attesté en roum. rend moins vraisemblable l'hyp. d'un lat. vulg. *
accapare, dér. de *
capum (lat. *
caput; voir
chief, chef*), Brüch ds
Z. fr. Spr. Lit. t. 49, 1927, p. 290; Ascoli ds
Archivio glottologico italiano, t. 11, p. 427 interprète *
accapare comme un reflet d'un gaul. *
dopenno, de
do-, lat.
ad et d'un celt. *
quenno « tête, extrémité ».