ACCROÎTRE, verbe trans.
Étymol. ET HIST. − 1. a) Mil.
xiies. trans. « magnifier, donner de l'éclat (obj. inanimé) » dans trad. (
Li Quatre Livre des Reis, 226, p. 112, éd. E. R. Curtius : Deu
acreissed le num Salemun sur le tuen e magnified sun trone sur le tuen! [amplificet Deus nomen Salomonis super nomen tuum et magnificet thronum ejus super thronum tuum, III, Reg. I, 47]; 1180
id. « augmenter (inanimé abstr.) » (
Marie de France,
Fables, 1, 13, éd. Warnke ds T.-L. : d'or vus honurast, Si
acrëust vostre clarté Par l'or); av. 1220
id. « augmenter, développer (un bien) » (
H. de Valenciennes, § 601 ds
Gdf. Compl. : Desirans de m'onnour
acroistre);
b) xiiies. intrans. « s'augmenter en quantité et en puissance (d'hommes) » (
Brut, ms. Munich, 1381 ds
Gdf. Compl. : Toz tens
acroissent Peitevin, Troien nes puent metre a fin). − fr. mod. avec suj. inanimé (
Ac. t. 1 1932
s.v. : son revenu
accroît tous les jours); 1690 terme jur. (
Fur. :
accroistre se dit de ce qui tourne au profit de quelque associé ou confrere par la mort ou l'absence d'un autre);
c) 1498 pronom. « augmenter sa puissance (d'hommes) » (
Commines,
Mém. I, 9 ds
Littré : Naturellement la plupart des gens ont l'œil ou à
s'accroistre ou à se saulver);
2. xiies. « ajouter » (
La Vie de St Thomas le Martyr, 81 a 19, éd. Bekker ds T.-L. : Se quarante semaines öust suraconpli, E puis apres i
fussent acru quarante di), attest. isolée.
Du lat.
accrescere, seulement intrans. en lat. class. et en b. lat., devenu trans. en lat. médiév., jamais pronom. (attest. dep.
Plaute,
Curc., 219 ds
TLL s.v., 337, 17 au sens de « croître » : adcrescit labor); emploi 1 b ds
Aug.,
Civ., 16, 10 ds
TLL s.v., 337, 60 : ut intellegamus unde potuerint populi adcrescere;
cf. xiiies.
Iocalis, 957 ds
Mittellat. W. s.v., 101, 35 : cui res accrescunt, huic accrescunt et amici; terme jur. ds
Gaius,
Inst., 2, 199 ds
TLL, ibid., 337, 75 : deficientis portionem collegatario adcrescere;
cf. 1195-1280
Chartae ordinis Teutonici, 306 ds
Mittellat. W., ibid., 101, 58 : si quid juris ex successione hereditaria... nobis possit accrescere in futurum. L'emploi trans. est seulement attesté en lat. médiév. : 1 a « augmenter, développer (un bien) » en 826-1280
Chartae eccles. S. Lamberti Leodiensis, 122 ds
Mittelat. W., ibid., 101, 66 : episcopus mihi accrevit... feodum meum de quindecim libris alborum; 2 « ajouter » au
xie-
xiiies.,
Chronicon Hildesheimense, 24,
ibid., 101, 71 : ut... prebendis fratrum XXX solidorum redditus accresceretur.