ACCROIRE, verbe.
Étymol. ET HIST. − 1. Début
xiies. « prêter » intrans. (
Psaultier d'Oxford, éd. Fr. Michel, CXI, 5 : Delitables huem chi ad merci e
acreit [commodat] ordened ses paroles en jugement; kar en parmanableted ne sera commoüd). − 1606,
Nicot;
2. début
xiies. « emprunter » intrans. (
Psaultier d'Oxford, XXXVI, 22 :
Acrerrat [mutuabitur] li peccherre, e ne solderat; mais li justes at merci e dunrat;
3. a) 1155
faire acreire (qqc.) « faire croire qqc. (qui n'est pas vrai) à qqn » (
Wace,
Roman de Brut, 1393, éd. Arnold : A sa feme
acreire faiseit Que secrefise as Deus rendeit); fin
xiies. «
id. » (
S. Bernard,
Serm. fr. ms. p. 7 in Ste Pal. : Il me
fist acroire menzonge);
b) 1160-70
soi acroire sor (qqn) « faire confiance en (qqn) » (
Guill. de st Pair,
Roman du Mont St-Michel, éd. F. Michel, 2982 ds T.-L. : Molt par est fols cil qui
s'acreit Plus
sor autre que il ne deit); 1250-80
acroire, trans. « faire confiance à (qqn) » (
B. de Condé, 134, 27 ds
Cohn,
Bemerk zu T.L. ds
Arch. St. n. Spr., CXL, 97 : S'
ai tant
acreu Sorquidier, K'en quidant m'a fait sorquidier); 2
emoit.
xiiies.
acroire + inf. « croire (+ inf.) » (
Adam de La Halle,
Chansons, 52 ds
Mayer,
Lexique, s.v. : qui
acroit tenir).
Du lat.
accredere « ajouter foi à qqc. (en gén. qui n'est pas vrai) » dep.
Plaute,
Asin., 627 ds
TLL, 336, 82, seul sens attesté en lat. class. jusqu'au
iers.; même empl. en lat. médiév. 936-73
Diplomata Ottonis, I, 67 ds
Mittellat. W. : ut hoc preceptum fidelibus nostris adcredebatur, d'où 3; fréq. confusions en ce sens 3 avec
faire a croire (début
xiiies.
R. de Clari,
Prise de Constantinople, éd. Hopf, 21 ds T.-L.
s.v. acroire : et si li fist a croire que che ne fu se menchoingne non) la constr.
faire a + inf. étant fréq. dep.
xiie(T.-L.
s.v. faire, 1587-88) au sens de « faire + inf. »,
cf. constr.
faire a + inf. au sens passif « être à + inf. » (1170-71,
Cligès, éd. Micha, 24 : De la fu li contes estrez Qui tesmoingne l'estoire a voire : Por ce fet ele mialz a croire); il est diff. de préciser si 1 est empr. au lat. médiév. (1036-38,
Gesta Trudonensium, II, 1, 9 ds
Mittellat. W. : quaedam... dando, plurima... accredendo) ou s'il est un dér. préfixé de
croire, de même sens dep.
xiies.; en faveur de cette seconde hyp. : − d'une part date relativement tardive et rareté des attest. de lat. médiév., − d'autre part fait que 1 est rendu par
commodat ds
Vulg.; 2 issu de 1 (
cf. lat. médiév. av. 1190,
Epist. Frid. I, imp. 17, éd. Pez.
Thes. anecd. VI, 1, p. 414 c ds
Mittellat. W. : Quantumcumque pecuniae apud Venetos accredere potes, nobis ... accredi facias).