ACCOUCHER, verbe trans.
Étymol. ET HIST. − 1. 1160-
xvies. « se coucher, s'aliter » (
Wace,
Roman de Rou, III, 9123 ds
Keller,
Étude descriptive sur le vocab. de Wace, p. 49b : A Roem vint si
acocha) [
xiiies. loc.
accoucher malade (
Villehardouin, 89 ds
Littré : Mahius de Montmorency
accoucha malades, et tant fu agrevés qu'il mourut)]. − (St
Gelais, 197 ds
Littré : Ci dessous git estendue et couchée Une qu'amour si bien vaincue avoit, Que plusieurs fois elle en
fust accouchée; Mais c'estoit mal dont elle relevoit); 1842,
Ac. Compl. : vieux lang.
Accoucher. Se mettre au lit pour cause de maladie;
2. a) 1165 « s'aliter pour mettre un enfant au monde » (
Chrét. de Troyes,
Guillaume d'Angleterre, 66, éd. Wilmotte : Mais quant li rois vit aprochier Le terme que dut
acouchier, Crient que ne li deüst grever, Se ne l'i laissa plus aler); réfl.
s'accoucher de « enfanter » (
Id., op. cit., 613,
ibid. : De deus enfans, ce saciés bien,
S'est anuit me feme
acoucie); sens fig. 1674 « créer (une œuvre) » (
Molière,
Femmes savantes, III, 1 ds
Littré : Le sort de ce sonnet a droit de vous toucher; car c'est dans votre cour que j'en viens
accoucher);
b) 1671 trans. « aider (une femme) à mettre un enfant au monde » (
Pomey,
Dict. royal : Accoucher une femme : parienti feminae adesse... Je ne t'
accoucherai pas si facilement qu'une sage-femme);
3. 1170 1200
acolchier la lance « baisser la lance » (
Athis, Ars. 3312, f
o84a ds
Gdf. : Atys respont, ains est navrez Ou destre flanc, moult a saignié; Mes nous l'avons bien estainchié Et sa plaie moult bien lavee : A nul damage n'est tornee. En
accochant le prist
la lance, N'i a de mort nulle doutance); 1545 emploi fig. « s'abattre » (Germain Colin à Jehan Bouchet ds
les Épitres Familières du Traverseur, 64 ds
Hug. : La mer par fois souffle si fort et boult Qu'il n'y a sens qui tout ne s'en farousche Ne si bon cueur qui de peur ne
s'acouche); attest. isolées.
Dér. de
coucher*; préf.
a-* (<
ad);
accoucher au sens de « mettre un enfant au monde », s'est substitué à l'a. fr.
gesir d'(un enfant), xiies. (
xies.
gésir « être couché », puis
gésir de [causal]) et à l'a. fr.
agesir, xiiies.