ACCOTER, verbe trans.
Étymol. ET HIST.
I.− Début
xiies. « se coucher (d'animaux) » intrans. (
Ps. Cambridge, éd. F. Michel, 103, 22 ds T.-L. : en lur leitieres
acuterunt [in cubilibus suis cubabunt]);
2. 1172-75 «
id. (d'hommes) » pronom. (
Chrét. de Troyes,
Charrette, éd. Foerster, 5554 ds
Herzog ds
Z. rom. Philol., XL, 707 : Et il por aeisier son cors Fu desarmez et se gisoit An un lit qu'il mout po prisoit; Qu'estroiz iert et la coute tanve, Coverte d'un gros drap de chanve. Lanceloz trestoz desarmez S'
estoit sor le lit
acotez).
II.− 1. 1172-75 emploi pronom. « s'étendre en prenant appui sur les coudes » (
Chrét. de Troyes,
Yvain, éd. Foerster, 5368 ds
Herzog,
loc. cit., 708 : [Yvains] Voit apoiié desor son cote Un riche home qui se gisoit Sor un drap de soie, et lisoit Une pucele devant lui An un romanz ne sai de cui. Et por le romanz escouter
S'i estoit venue
acoter Une dame...). − 1485 (
Myst. Resurr. de N. S. ds
Littré : Et je me sarray cy à terre, Et
m'acoteray sur le coute, Afin que j'entende et escoute);
2. xiies.
id. « se prosterner en s'appuyant sur les coudes » (
Estoire Joseph, éd. Sass, 1569, ds T.-L. : A terre
s'acoterent Et treis feiz l'aorerent);
3. apr. 1160
id. « s'appuyer (sur les coudes) » (
Wace,
Rou III, éd. Andresen, 2035 ds
Keller,
Et. Vocab. Wace, 321 : Sur un chevalier
s'acota);
xiies. trans. « appuyer » (
Destr. de Rome, 1360 ds
Gdf. : Sur les escus lour testes si
orent acouté).
Du b. lat.
accŭbĭtāre, attesté dep.
ca 430 au sens de « être étendu sur le lit de table » (
Sed.,
Carm. pasch., préf. 2 ds
TLL s.v. : dignatus nostris accubitare toris), d'emploi plus gén. en lat. médiév. : repos, sommeil
(Mittellat. W. s.v.); cf. avec II 2 : 1146-48
Nivard.,
Ysengr., 3, 270 : regali proferant accubitare thoro. En raison de son sémantisme (la position sur le lit de table nécessitant un appui sur les coudes)
accubitare est considéré soit comme fréquentatif de
accubare, dont d'ailleurs il devient synon. (
Thurneysen ds
TLL), soit comme dér. de
cubitus « coude » (
Ern.-Meillet 1959) les 2 hyp. étant possibles du point de vue morphol. Ces 2 sémantismes se retrouvent en a. fr., le second ayant entraîné la prépondérance de la notion d'« appui ». À partir du
xiiies. (où
s intérieur devant consonne n'est plus que graph.) contamination avec
acoster* (dér. de
costa; Herzog,
loc. cit., 713;
Vidos,
Parole, 179
sq.) alors homophone et de sens apparenté (
cf. var. relevées, par ex., dans mss. de
Chrét. de Troyes,
Cligès, éd. Micha, 5534, ms. Bibl. Nat., fr. 794 : Au mur s'
est Johans
acostez; ms. Bibl. Nat., fr. 375 :
-acoutez; de même
Charrette, éd. Foerster, 5554 [voir attest.
sup.] :
acotez; ms. Bibl. Nat., fr. 794 :
acostez). De plus attraction possible de a. fr.
coute* (< lat.
culcita « coussin ») dans certains textes : voir
sup. Charrette, 5554;
Herzog,
loc. cit., 708.