ACCORTISE, subst. fém.
Étymol. ET HIST. − 1578 [sans indication de sens] (
H. Estienne,
Deux dialogues du nouveau langage françois italianisé, I, 129 ds
Hug. : Je sçay aussi fort mauvais gré à ceux qui ne se contentent d'user de quelques mots italiens, qui en la fin en ont été rendus familiers au langage François : mais de ceux-la font venir d'autres, qui lui sont aussi estranges, comme ceux-la luy sont familiers. Pour exemple, ceux qui ne se contentent pas de dire
Accort et
Accortement, mais disent aussi
Accortise et
Accortesse);
1. Nicot 1606
s.v. Accortesse : (...) on dit aussi
accortise ... subtilité d'esprit, solertia, acumen ingenii; 1611 «
id. »
Cotgr.; semble disparu jusqu'à 1860
Dochez,
Nouv. dict. lang. fr. ds
Journet-Petit t. 1 1966 :
accortise (...) adresse;
2. 1619 « manières courtoises, amabilité » (
Chapelain,
Gueux ds
Hunter,
Lex. Chapelain, s.v. : Son
accortise est affeterie) qualifié de
vieilli et
de peu d'usage ds
Rich. 1680,
Ac. 1718. Encore début
xviiies. Saint-Simon ds
Littré, et par recherche, appliqué à un Italien; 1751,
Voltaire,
Siècle de Louis XIV, éd. Ch. Louandres, chap. XXVII, 506 : Mais, lorsque tout était en feu pour savoir si les cinq propositions étaient ou n'étaient pas dans Jansénius, Rospigliosi, devenu pape sous le nom de Clément IX, pacifia tout pour quelque temps... l'
accortise italienne calma la vivacité française. Contrairement à l'affirmation de Nodier rapportée ds
Besch. 1845, cet emploi par Voltaire n'a en rien renouvelé le terme, toujours qualifié de
vieux ds
Trév. 1771,
Ac. 1878, 1932,
Lar. encyclop., Rob.; de
familier ds
Ac. 1798, 1835,
Besch. 1845. Même évolution sém. que pour
accort*.
Formé à partir de
accortesse par substitution de suff. −
Vidos ds
Arch. rom. XIV, 139;
Tracc. 1907, 99, 100.
Accortesse (dep. av. 1574 « qualité de ce qui est accort : habileté, sagacité »,
Jodelle,
Les Amours, chanson, II, 78 ds
Œuvres, éd. La Mothe ds
Hug. : Si est-ce que vivre ainsi, Ce leur semble, c'est d'ici [à la cour] La vertu seule, l'honneur, L'
accortesse et le bonheur), prob. dér. de
accort* (suff.
-esse*), mais fréquemment rapproché de l'ital.
accortezza (dér. de
accorto « avisé, habile »), au sens de « sagacité, habileté » dep.
xiiie-
xives. (Bartolomeo da S. Concordio [1262-1347] ds
Batt. t. 1 1961),
cf. 1559 «
id. »,
Bartolomeo Cavalcanti,
La Retorica, 2, 122
ibid. : La quale similitudine sì l'accortezza, sì la diligente osservazione ci farà scorgere.