ACCOMPLIR, verbe trans.
Étymol. ET HIST. − 1. 1121 terme relig. « réaliser, mener à bien (la Promesse, en parlant de Dieu) » trans. (
Ph. de Thaün,
Bestiaire, 295, éd. E. Walberg : Puis vespres est cumplie, E iço signefie Deus
at tut
acumpli); 1155 « réaliser, mener, mener à exécution (une promesse) »
id. (
Wace,
Brut, 8451 ds
Gdf. Compl. : Se tu ta parole
acomplis Que li rois soit par toi ocis); 1165 « faire entièrement, exécuter (ce à quoi correspond une obligation, une attente : commandement, volonté, désir) »
id. (
Rois, 55, Ler. de Lincy ds
Gdf. : Jo
ai acumpli sun cumandement);
2. début
xiies. « satisfaire (un besoin physique) »
id. (
Li ver del Juïse, éd. Feilitzen, 285 ds T.-L. : N'avroient... lor grant soit
acomplit) attest. isolée;
3. 1174 « mener à terme (une action) »
id. (
B. de Sainte-Maure,
Chron. des ducs de Norm., 39 484, éd. Carin Fahlin : Quer od tant
seront acomplies Les granz paines et les travailles);
xiies. part. passé adj. « parfaitement exécuté, doué d'une qualité parfaite (ici, d'un inanimé) » (
Les Loh., ms. Berne, fol. 43d ds
Gdf. Compl. : Li os chevauce a force et a estri, Et li carrois k'ert grans et
acompli);
xiiies. (en parlant d'un inanimé) « être entièrement exécuté, terminé » intrans. (
Garin le Loherain, éd. P. Paris, I, 165 ds T.-L. : Le grant charroi veïssiez
accomplir, Muls et somiers arouter et venir), attest. isolée; mil.
xiiies. « mener à terme, achever (temps) » trans. (
Li coronemens Looys dans Guill. d'Or., éd. Jonckbloet, 736 ds T.-L. : Quarante jours
acompliz et passez);
4. 1275 « accorder entièrement »
id. (
Rose, ms. Corsini, f
o29a ds
Gdf. : El m'
acompli tout mon vouloir).
− xves. (
Molinet,
Chron., ch. CCXLV, Buchon,
ibid. : laquelle chose selon son desir, luy
fut promptement et entierement
accomplie);
5. a) 1329 « compléter (qqc.) »
id. (1329, Fontevr., anc. tit. Arch. Maine-et-Loire,
ibid. : En
acomplissant la somme).
− xvies. (
Aubigné,
Lettre de piété ou de théol., 7 ds
Hug. : Quand sera... cette heureuse journee... que le ciel
accomplira tant de graces desquelles il vous a comblé, par celle sans laquelle toutes les autres sont ruineuses, à sçavoir par vostre reconciliation à l'Eglise catholique);
b) 1510/1512 « pourvoir (qqc) de, le munir complètement » (
Lemaire de Belges,
Illustr., II, 1 ds
Hug. :
Furent les galeres
accomplies du nombre de gens propices à la rame. Si ne restoit que les capitaines et gens de guerre, lesquelz arriverent a chef de piece), seulement au
xvies.
Dér. de l'a. fr.
complir (préf.
a-*) attesté :
− dep.
xes. au sens « réaliser (la Promesse, en parlant de Dieu) » ds
Passion, 406 (lat.
complēre fréq. en ce sens à l'époque chrét. :
cf. Aug.,
Civ., 16, 9 ds
TLL s.v., 2093, 58 : scripturae praedicta complentur);
− dep. début
xiiies. au sens « satisfaire (un désir) » ds
Chevalier à l'épée, 1100, Méon, I ds
Gdf. (
cf. lat.
complere : Corp. inscr. lat., III, 14 406 ds
TLL, ibid., 2097, 45 : completa cupiditate amoris);
− dep.
ca 1225 « mener à bien, achever (un acte) » ds
Conquest of Ireland, éd. Michel, 760 ds
Gdf. (
cf. lat.
complere : Tite-Live,
Hist., 23, 35, 15 ds
TLL, ibid., 2096, 3 : ante mediam noctem compleretur sacrum). Lat.
complēre, devenu
complīre par chang. de conjug., attesté dep. Ennius au sens propre de « remplir » (ds
TLL, ibid., 2091, 31), emploi fig. dep. Naevius (
ibid., 2093, 26); voir aussi
complies, subst. fém. plur.