ACCOLER, verbe trans.
Étymol. ET HIST.
I.− 1. Mil.
xies. trans. « jeter les bras autour du cou (de qqn) » suj. animé (
Alex., éd. Paris et Pannier, 86d ds T.-L. : son mort fil detraire et
acoler), souvent en relation avec
baiser; p. anal. 2
emoitié
xiies. « jeter les bras autour de (qqc.) »
id. (
Aliscans, éd. Gouessard et Montaiglon, 224
ibid. : Et Rainouars va la guige
acoler); devenu pop. au
xviiies.,
Brunot t. 6, 1216; fam. et peu us. aux
xix-xxes.; 2)
xiiies. « tenir serré dans ses bras (en parlant de deux amants) » (
Flore et Blancheflor, éd. Pelan, 2397 : Ensemble dorment doucement
Acolees [Flore est pris pour Claris, amie de Blancheflor] estroitement, Et bouche a bouche et face a face S'entretiennent a une brace); 1710 repris dans emploi péj. (
Rich. s.v. : ce mot en parlant de filles et de femmes se dit en riant et signifie embrasser, baiser et avoir la dernière faveur d'une fille ou d'une femme. Elle donnera le chancre et la vérole au premier qui l'
acolera [Aut. anonyme]); d'où
a) divers emplois techn. au sens de « rapprocher, assembler deux éléments », subsistant en fr. mod., 2
emoitié
xves., « attacher (une plante) à un pieu pour la soutenir » (
G. Chastellain,
Chroniques, IV, 120, 17 d'apr. Heilemann, 4 : ceux qui
accolent les rosiers... et empoignent les roses odorantes; 1680 cuis.,
Rich. t. 1 :
Acoler (...) joindre deux lapreaux pour les faire rôtir; 1694 comptab.,
Ac. : accoler deux ou plusieurs articles dans un compte, pour dire, N'en faire qu'un seul; 1701,
Fur. :
Accoler un trait de plume en marge d'un compte d'un mémoire, d'une déclaration de dépens, qui marque qu'il faut comprendre plusieurs articles sous un même jugement, et les comprendre dans une même supputation pour n'en faire qu'un seul;
b) emploi fig. : début
xiiies. « entourer, englober (qqc.) » suj. inanimé (
Renclus,
Carité, éd. van Hamel, 38, 11 ds T.-L. : Par tout le monde a le vignole Si com li firmamens l'
acole). − 1580 (
Montaigne,
Essais, éd. Courbet et Royer, III, 10 ds
Hug. : [Le lierre] corrompt et ruyne la paroy qu'il
acole); av. 1307 « saisir, étreindre (d'un sentiment, d'une disposition) » (
G. Guiart,
Roy. lign., éd. Buchon, I, 6190 ds T.-L. : Par quoy joie son cuer
acole). − (
Du Bellay,
Regrets, 96 ds
Hug. : Je ne te prie pas de me faire enroller Au rang de ces messieurs que la faveur
accolle).
II.− 1. 1195-1200 trans. « entourer le cou » sens propre suj. inanimé (
Renart, éd. Roques, Br. XI, 12864 : Car mout vos siet or cele estole Qui tout votre biau col
acole);
2. 1312 « mettre (qqc.) autour du cou » sens propre, suj. animé (
Veus dou paon, Bibl. nat., 1554, fol. 102 r
ods
Gdf. : Iront a la bataille les escuz
acolez). − 1545
accoler (qqn)
de (qqc.) (
Marot,
Enfer ds
Hug. : C'est le sainct nom du pape qui
accole les chiens d'Enfer...
d'une estolle [Le pape vainc, le diable en le ceignant de son étole]).
Dér. de l'a. fr.
col; préf.
a-*. Au fur et à mesure qu'il est concurrencé par a. fr.
embracier − qui finit par le supplanter − au sens de « prendre, tenir dans ses bras », fig. « entourer, englober », on constate dans
accoler un affaiblissement des notions « cou » et « bras » au bénéfice de celle, dérivée, de « rapprochement » : le sémantisme du préf. l'emporte sur celui du rad.