ACCASTILLER, verbe trans.
Étymol. ET HIST. − 1678 (
Guillet,
Les Arts de l'homme d'épée, Paris, III, 6 d'apr. R. Arveiller,
Fr. mod., 25, 305 : vaisseau
accastillé, c'est-à-dire accompagné d'un chasteau d'avant et d'un chasteau d'arrière), vieilli; 1783 sens plus gén. « donner une forme agréable à toute l'œuvre morte d'un navire » (
Encyclop. méthod., Marine ds
Jal2: un vaisseau
est bien
accastillé... quand ses différentes lisses et préceintes ont une tonture agréable, lorsqu'il a peu d'élévation d'œuvres mortes, que le tableau a peu d'inclinaison, que les bouteilles et l'éperon sont bien contournés). Seulement part. passé jusqu'à
Trév. 1771.
Accastiller est empr. à l'esp.
accastillar, attesté, selon Martin Alonso, dep. le
xviies., et dér. de
castillo « château » (< lat.
castellum). L'a. fr. connaissait
achasteler « munir de châteaux de bois », Benoît de Ste-Maure. À côté de
accastiller, existe
encastiller, dans le même sens de « garnir un navire d'un château d'avant et d'arrière » et attesté, sous la forme
enchastiller, dep. 1515-1522 (... navires... Enchastillez d'autre maniere.
Ant. de Conflans,
Les Faits de la mar. ds
Jal, t. 1, 1848). La forme
encastiller, du début du
xviiies. (
J. Ozanam ds
Trév., 1704) est issue du croisement de l'a. fr.
enchasteler (qu'elle a remplacée) avec l'esp.
encastillar, attesté sous la forme réfléchie dep. le
xves. au sens de « se retrancher dans un château fort ».
Enchasteler, dér. de
chastel « château », attesté dep. 1165 (... nes... enchastelees e por bataille conrëees...,
Benoît de Ste-Maure,
Le Roman de Troie, 7037, éd. L. Constans, ds T.-L.) au sens de « fortifier », prend le sens maritime d'« accastiller » fin
xiiie-début
xives. (... quinze nes ensemble jointes; Devant en sont les mestres pointes A chascun bout enchastelees... .
G. Guiart,
Branche des Royaux lignages, II, 9316, éd. Buchon, ds T.-L.). −
Rupp. 1915, p. 30;
Schmidt 1914, p. 118;
Boulan 1934, p. 61;
Brault, p. 130.