ACCAPARER, verbe trans.
Étymol. ET HIST.
I.− 1. 1625 « retenir une marchandise en donnant des arrhes », terme de comm. (
Peiresc,
Lett. 134 d'apr.
DG : On ne laisra pas d'en avoir quelque exemplaire [de cet ouvrage], mais il en faudra
accaparer de bonne heure),
vieilli selon
DG et
Rob.;
2 1562 « retenir la plus grande quantité possible d'une valeur ou d'une marchandise (afin de la rendre rare et d'en faire monter le prix) », terme de comm. ds
Desmaze,
Curiosités des anciennes Justices, 506 ds
Quem. t. 1 1959 : [une ordonnance du Parlement de Bordeaux prescrit] aux revendeurs et regrattiers, sous peine de fouet, d'acheter hors du marché... toute espèce de vivres pour les
accaparer et les revendre aux habitants) [attest. douteuse]; 1675 « acheter (dans le même but) »
id. (
Savary,
Parfait négociant, 1
reéd. ds
Kuhn 1931, 58 : ils tâchent d'
accaparer, c'est-à-dire d'acheter toutes les marchandises), péj. dep.
Trév. 1752; par métaph. « acheter une chose non vénale, assimilée à une denrée », 1768, 2 déc. (
Turgot,
Lettre à Dup. de Nemours, éd. Schelle III, p. 21 ds
Brunot t. 6, p. 93 : Voilà apparemment ce que ces Messieurs [les Parlements] appellent « Monopole ». Je n'«
accaparerai » sûrement pas leur bon sens, car il est encore bien loin de sa maturité).
II.− Emploi fig. 1788
accaparer l'esprit « occuper entièrement l'esprit » (
Tableaux de Paris, X, II ds
Fr. Mod., XXIII, 301 : Les
esprits accaparés par le brigandage appelé finance, et par l'agiotage).
Empr. à l'ital.
accaparrare, terme lombard passé en toscan au
xixes. (d'apr. Bernardoni et Gherardini ds
Migl.-Duro 1965, p. 650) défini au sens I 1 ds
Batt. t. 1 1961 et attesté aux
xixe-
xxes. aux emplois I 2 et II; par contre
caparrare, incaparrare sont attestés au sens I 1 ds
Tomm.-Bell. 1929 dep.
xvies., ds
Oudin-Venorini 1681, ds
Vocabolario degli Accademici della Crusca, 1729. Ital.
accaparrare, dér. de
caparra « arrhes », prob. composé de
capo « tête » (< lat.
caput) et de
arra « arrhes » (< lat.
arra «
id. »
; voir
arrhes), littéralement « arrhes principales » (
Migl.-Duro 1965). −
Kuhn 1931, p. 58;
Brunot t. 3 p. 220;
Kohlm. 1901, p. 27.