ABÊTIR, verbe trans.
Étymol. − Corresp. rom. : cat.
abestiar. 1330-32
abestir « rendre semblable à la bête » (en parlant d'un homme) (
G. de Diguleville,
Pèl. Vie hum., éd. Sturzinger, 886 ds T.-L. : Et
(je) les [hommes] avugle et
abestis [dist Ire]); 1420, «
id. » apparition d'une forme concurrente
abester (
Quinze joyes, VII ds
Gdf. : Mais
est abesté le bonhomme et paist l'herbe, et est transformé en une
beste, sans enchantement).
Dér. de
bête *1, au sens propre; préf.
a-1* et suff.
-ir*
; à distinguer de
ca 1320
abester « mettre les chiens sur la trace du gibier » terme cynégétique (
Perceforest, I, fol. 125c ds
Gdf. : Il leur tourna l'escu vers le visaige, aussi fierement que fait le sanglier aux chiens quand ils
sont abesté).
HIST. − Apparu au
xives. dans le vocab. cynégétique (1 ex. isolé ds étymol.) et dans la lang. commune (
cf. étymol.), seul domaine où il garde une grande stab. sém. jusqu'à l'époque contemp. (
cf. sém.). Usité d'abord seulement à la forme trans. (
Cf. Pascal,
Pensées, cf. sup. styl.), et pronom., il est empl. à partir du
xviiies. à la forme absolue : Ce verbe est quelquefois neutre. On dit, cet enfant
abêtit tous les jours.
Fur. 1701. Dès
Ac. 1798 il est considéré comme fam.
− Rem. 1. Un emploi fig.
s'abêtir de « s'engouer stupidement de » est attesté ds Ronsard (seul ex. de notre docum.) : Le plus souvent les Princes
s'abestissent De deux ou trois que mignons ils choisissent, Vrais ignorans qui font les suffisans.
Ronsard,
La Franciade, L. IV, (Hug.)
2. Le part. présent pris comme adj. a une rubrique spéciale ds
Besch. 1845,
Lar. 19e(ex. de Nodier) et autres
Lar., Pt Rob.