ABÉE, subst. fém.
Étymol. ET HIST. − [1444 « écluse, vanne » (Arch. nat. JJ 176, pièce 142 ds
Gdf. : Icellui Henriet ala sur la chaussee dudit estang pour lever l'une des
ebees ou vannes du moulin)]; 1531 « ouverture par où s'écoule l'eau quand les moulins ne moulent pas » (Cout. de Montargis, X, 8,
Cout. gén. III, 844 ds
Gdf. Compl. : On ne peut empescher les rivieres courans perpetuellement que les moulins ne moulent, ou qu'ils n'ayent une
abbee ou lanciere ouverte pour donner cours a l'eave; sauf es moulins qui ne peuvent autrement mouldre sans escluses). Stab. sém. de ce terme mentionné par les lexicogr., mais peu usité dans la lang. commune. Sens 1 attesté ds
Encyclop. 1751,
Ac. 1762, 1778, 1798.
Besch. 1845 ajoute le sens 2. Les 2 sens sont repris par
Littré (avec une moindre assurance pour le sens 2),
Lar. 19e, DG, Lar. 20e, Lar. encyclop., Quillet. Rob. et
Pt Rob. ne conservent que le sens 1.
Forme agglutinée de
la bee, part. passé fém. substantivé de a. fr.
baër « ouvrir » au sens propre (< lat.
batare « être ouvert », voir
bayer)
cf. a. fr.
baëe, subst. fém. « ouverture », sens propre dep. début
xiies., m. fr.
bee « ouverture (d'une fenêtre) » dep.
xives. ds T.-L. (
Nyrop, I, 490, 1
o;
Fouché Phonét., p. 588;
Thomas,
Mél. étymol. fr., 9). [Forme
ebée : part. passé fém. substantivé de
esbaer « ouvrir », sens propre, dep.
xiies., de même orig. que
baër − ou substitution par le préf.
e(s)-, de l'initiale de
abée prise pour un préf. :
cf. alternance
abai « aboi » /
esbai; abaiier « aboyer » /
ébaier, ds T.-L.]. L'hyp. rattachant le fr.
abée au prov.
bezo « canal de moulin », Nigra ds
Arch. glottologico Ital., XV, 295-302, fait difficulté du point de vue phonét., car il devrait lui correspondre une forme fr. diphtonguée en
-ié-, (comme c'est le cas pour fr.
bief), Meyer-Lübke, ds
Z. rom. Philol., XXVII, 364-374.