ABYSSAL, ALE, AUX, adj.
Étymol. − Corresp. rom. : a. prov.
abisal; ital.
abissale; cat.
abissal.
1597 « dont l'immensité est insondable », terme théol. (
Philippe Bosquier,
Le Fouet de l'académie des pécheurs, 351, Delboulle ds
Quem. t. 1 1959
s.v. : sa grandeur immense surpasse infiniment la capacité,
abyssale qu'elle soit, de toutes les armes du monde).
Dér. du lat. chrét.
abyssus « abîme », attesté dep. Tertullien, au sens propre de « espace immense, s'étendant entre le ciel et la terre et habité par Dieu » (
Tert.,
Adversus Praxean, chap. 23, ds
TLL, s.v., 243, 50 : deum... intra abyssos esse), emploi fig. fréq. en lat. chrét. en relation avec
hominum, judicia, consilium, cor, conscientia, corruptio... (
ibid., 244, 52,
sq.);
cf. en lat. médiév., domaine angl.,
abyssalis «
id. »,
ca 1241 (ds
Latham,
Revised medieval latin word-list s.v. abyssus).
HIST. − Abyssal, monosém. « dont l'immensité est insondable » a eu successivement différents emplois.
A.− En rapport avec le subst.
abîme et apr. avoir éliminé des concurrents
abîmeux (attest. seulement ds
Hug. et
Cotgr. 1611) et
abismal (attest. ds
Hug. et ds
Lar. 19e),
abyssal a eu d'abord et surtout un emploi relig. (1
reattest.
cf. étymol.) et aussi : Puits
abbyssal de l'Apocalypse.
P. Camus,
Homélies quadragésimales, 1647, 93, 119 (Quem). L'amour
abyssal, c.-à-d., selon leur langage [des mystiques], l'amour intime, infini, profond.
Bossuet,
5eÉcrit, 10
(DG). N'est cité pour les
xixeet
xxes. que par
Rob. et
Nouv. Lar. ill. sans attest.
− Rem. D'autres emplois sont possibles (
cf. sém. B 1), mais ces emplois ont subi l'influence de
abysse (
cf. inf. B).
B. − En rapport avec le subst. techn.
abysse*
abyssal a pris à la fin du
xixes. un sens techn. en océanographie. Cet emploi second s'est imposé comme sens propre (
cf. sém. A).
− Rem. Spécialisation de
abyssal pour la faune, les sédiments et le relief des grandes profondeurs océaniques, et de
abyssique, terme techn. du
xixes. (attest. ds
Ac. Compl. 1842 et
Besch. 1845).
C.− Au début du
xxes.,
abyssal a été utilisé pour désigner les recherches ayant pour obj. l'exploration de l'inconscient. Associé à
psychologie, il devient synon. de
psychanalyse ou
psychologie des profondeurs (
cf. sém. B 2).