ABUSIF, IVE, adj.
Étymol. − Corresp. rom. : ital., esp., port.
abusivo; cat.
abusiu (fém.
-iva); roum.
abuziv.
1. a) 1371 « qui est le fait d'un mauvais usage (d'un inanimé) » terme gramm. (
Oresme,
Polit., 94 r
o[éd. 1489] ds
Gdf. Compl. : Faire une comparaison
abusive de choses qui ne sont pas comparables);
b) xvies. « qui constitue un abus (d'un inanimé) » terme jur. (
Carloix, V, 32
ibid. : Il rompit et annula cette coustume comme
abusive, pleine de larcin);
2. 1541 « qui induit en erreur (d'un inanimé) »
Calvin,
Inst., 56 ds
Littré : Tout ce que les hommes apprennent de Dieu par les images est frivole et mesme
abusif); 1547
abusif de « qui trompe au moyen de (d'une pers.) » (
Budé,
Inst. du prince, éd. Foucher, ch. 36 ds
Hug. : Antigonus congnoissant le personnage, ou la maniere de ces philosophes simulés, et
abusifz de l'habit et profession).
Empr. au lat.
abusivus, attesté dep.
Cael. Aurel.,
Acut., praef. 14 ds
TLL s.v., 238, 72 au sens 1 a (abusiva appellatione) fréquemment empl. dans cont. gramm. (
cf. Pomp.,
Gramm., V, 155, 20 : haec non est vera comparatio sed abusiva; et aussi
Albert le Grand,
De causis et proprietatibus elementorum, 1, 1, 1 ds
Mittellat. W. s.v., 68, 63 : abusiva comparatio); 1 b en lat. médiév.
xies.
Otlohus,
Vita Wolfkangi episc., 15 med.,
ibid. 68, 70 : abusiva potestas. 2 non attesté en lat., issu de
abuser* 2. Attest. du dér.
abusivement, 1327 révèle existence de
abusif antérieurement à 1371.
HISTORIQUE
I.− Abusif, « qui constitue un abus », s'est maintenu avec une grande stab. dep. son apparition dans la lang. Attesté comme terme de gramm. au
xives. puis comme terme jur. au
xvies. (
cf. étymol.) il conserve ces 2 caractéristiques dans la plupart des dict. et ne semble avoir été empl. de façon plus gén. que dep. la fin du
xixes.
II.− 1. Abusif, « qui abuse, qui trompe », semble avoir connu un emploi plus limité; attesté au
xvies. (
cf. étymol.) puis au
xviies. : [Cette] méthode... est
abusive, les met en erreur, les abuse.
Monet,
Invant. des deux lang. (DG). Ce sens est ignoré par les dict. du
xviiies. et du début du
xixes.; au
xxes.,
DG et
Rob. le considèrent comme vieilli.
2. Attest. isolée de l'expr.
abusif de au
xvies. (
cf. étymol.).