ABSTRAITEMENT, adv.
Étymol. − 1579 « d'une manière indépendante de l'objet » [ici : indépendamment du suj. qui possède les qualités], terme philos.
abstractement (
P. de Lostal,
Discours philos., 169 ds
Rev. Hist. litt. Fr., I, 182 : le philosophe s'imagine toujours les qualitez en quelque individu, alors qu'il les veut considérer
abstractement comme l'on dit).
Dér. de
abstrait* I 2, terme philos.; synon.
abstractivement.
HIST. − A.− Monosém. et stable depuis l'entrée dans la lang.
B.− Daté de 1579 (dans la graphie anc.
abstractement, cf. étymol.) le mot n'apparaît cependant ds les dict. qu'à l'extrême fin du
xviiies. 1
remention,
Fér. Crit. t. 1 1787 : Adv. D'une manière abstraite. C'est un mot de M. Necker. ,,Il n'a plus qu'à les considérer
abstraitement``. Il met pour correctif,
pour ainsi dire. L'
Acad. ne le met pas, il serait utile, et il manque à la langue. Cl.-
M. Gattel,
Nouveau dict. portatif de la lang. fr., 1797 (,,C'est un mot nouveau``);
Boiste 1823 (sans observation, ,,inusité``);
Ac. Compl. 1842. L'
Ac. ne le donne avec 1 ex. qu'en 1878 (Il traita la question
abstraitement).
− Rem. La dat. du mot a été 2 fois reculée :
a) du
xviiies. au
xviies. par
Besch. 1845 qui cite
Pascal,
Pensées, V, 17 : Aimerait-on la substance de l'âme d'une personne
abstraitement? b) du
xviies. au
xviepar
Quem. t. 1 1959,
cf. étymol., mais le sent. des lexicographes
(cf. sup.) et des historiens de la lang. (
cf. Brunot t. 6, p. 1140) permet d'affirmer que le mot est un néol. du
xviiies., et était aux s. précédents un hapax d'aut.