ABSORPTION, subst. fém.
Étymol. − Corresp. rom. : esp.
absorción; port.
absorção; roum.
absorbtié.
1. 1586 « engloutissement, ravissement (de l'âme en Dieu) » emploi fig., terme relig. (
H. Suso,
Œuvres spirituelles, trad. N. Le Cerf. 166 ds
Rom. Forsch., t. XXXII, p. 3 : Il [Suso] veid son ame... joincte ou unie au cœur divin et là en certaine ecstase,
absorption ou ravissement cachee et endormie entre les bras du tresamiable sauveur);
2. xviiie,
xixes. « action d'absorber, de s'imprégner », sens propre, terme techn.
1 empr. au lat. chrét.,
absorptio, dep. St Augustin au sens « engloutissement (de l'âme dans une passion) » (
Sermones, 162, 2 ds
Blaise,
s.v. : absorptio libidinis et concupiscentiae carnalis); 2 dér. de
absorber* I 2.
HIST. − Datant du
xvies. comme terme relig. et fig., le mot passe dans la lang. commune avec un sens propre qui, au
xviiies., est peu usité : Ce mot n'est point dans le Dictionnaire de l'Académie Françoise. Il est rude, et ne peut s'employer que dans le style dogmatique, où tous les termes expressifs sont bons.
Trév. 1752.
Cf. aussi
Ac. 1798 qui le mentionne comme peu usité. Il prend en revanche une plus grande vitalité dans la lang. sc. ou techn. (méd., phys., math.).
A.− Emploi fig. 1
reattest. 1586 (
cf. étymol. 1), dans la lang. relig., subsiste, sans toutefois être recensé par les lexicogr. des
xviieet
xviiies.
B.− Emploi cour. 1
reattest.
xviiies., subsiste : Action d'absorber, engloutissement. M. Descartes ne nous fait-il pas appréhender que notre tourbillon, infiniment plus grand que la sphère du feu, ne soit
absorbé quelque jour, lorsqu'on y pensera le moins? Et quand par cette
absorption le soleil sera devenu terre, et que peut-être en même temps la matière subtile, qui est enfermée dans le centre de notre terre, ayant forcé et rompu les croûtes qui la couvrent, l'aura fait devenir soleil; si les livres de M. Descartes subsistoient dans quelque autre tourbillon, où il y eût des hommes, ne regarderoient-ils pas comme des fables tout ce qu'il dit de notre monde?
Trév. 1752.
C.− Emplois sc. et techn. Ils sont cités ci-dessous dans l'ordre chronol. de leur apparition.
1. Physiol., 1
reattest. 1771, subsiste (
cf. sém. I) :
Absorption, dans l'économie animale, est une action par laquelle les orifices ouverts des vaisseaux pompent les liqueurs qui se trouvent dans les cavités du corps.
Trév. 1771.
2. Phys., 1
reattest. 1863, subsiste (
cf. sém. I) : En termes de physique, phénomène qui consiste dans l'attraction et la condensation d'un gaz ou d'un liquide par un corps solide ou liquide.
Littré.
3. Math., attesté seulement ds
Lar. encyclop. Suppl. 1968 : Loi d'
absorption : propriété de l'addition et de la multiplication logique qui s'exprime par ... deux formules corrélatives (...).