ABSOLUMENT, adv.
Étymol. − 1225 mars « tout à fait, entièrement »
(Mém. Soc. Hist. et litt. de Tournai, XVII, 18 ds
Gdf. Compl. : Ki bien le puet faire par loi por ço que Alars ses fils l'otria, vendi et werpi et clama cuite
absoluement).
Dér. de
absolu* I; suff.
-ment*.
HIST. − Les sens de
absolument sont très liés à ceux de
absolu mais ont suivi une évolution un peu différente.
1. Absolument apparaît au
xiiies. avec le sens de « tout à fait, entièrement » (
cf. absolu A 1); ce sens a connu une remarquable stab. (
xviies.,
Bourdaloue,
Pensées, t. III, p. 150 ds
Littré : La pratique de la restitution est une chose presque
absolument inconnue) et il demeure essentiel.
2. Au
xvies., « d'une manière qui n'admet pas de limite ni de restriction » (
cf. absolu B) (Ph.
de Marnix,
Écrits pol. et hist., p. 217 ds
Hug. : Nous respondismes
absolutement et resolutement.
Id.,
Differ. de la Relig., I, V, 2 ds
Hug. : le souverain Pontife est
absolutement par dessus les conciles). Il se maintient comme synon. de
souverainement jusqu'à la fin du
xixes.; comme synon. de
sans restriction, ni réserve, nécessairement... il connaît toujours une grande vitalité que montre la multiplication de ses emplois.
3. Dep. le
xviies. tous les dict. signalent son emploi en gramm. (
cf. absolu C 1) (
Fur. 1690 : On dit aussi en Grammaire, qu'un mot se dit
absolument, quand il est sans régime).
4. Aux
xviieet
xviiies., la philos. oppose
absolument à
relativement (
cf. absolu C 2 a) (
Bourdaloue,
Pensées, t. II, p. 418 ds
Littré : Offrande la plus précieuse, non point
absolument et en soi, mais par rapport à celui qui l'a faite.
Trév. 1771 : En Philosophie et en Théologie,
absolument [...] signifie encore : De soi-même, par soi-même, sans rapport à aucun autre, indépendamment de tout autre, et il est opposé à
relativement); ce sens semble disparaître par la suite.
− Rem. L'expr.
absolument parlant « dans un sens gén. », est usitée dès le
xives. (
Oresme,
Eth., 48 ds
Littré : A parler
absolument et simplement, telles choses faites par paour sont involuntaires); d'un emploi cour. aux
xviieet
xviiies. (
Ac. 1694 : Il y a quelques deffauts dans cet ouvrage, mais
absolument parlant il est bon) elle se maintient jusqu'au
xxes. où seuls
Quillet 1946 et
Rob. la signalent.