ABSENT, ENTE, adj. et subst.
Étymol. − Corresp. rom. : a. prov.
absens; n. prov.
absènt, assènt, aussènt; ital.
assente; a. esp.
absente; esp.
ausente; port.
absente, ausente; roum.
absent.
1296 « qui n'est pas présent » (ds
A. Thierry,
Monum. de l'hist. du Tiers-État, 1
eS., i., 303 ds
Barb. Misc. II, p. 94 : Reverent pere Guillaume, par la grace de Dieu eveske d'Amiens,
absent...); 1305 «
id. » (cité ds
Giry,
Hist. de Saint-Omer, 449, Delboulle ds
Quem. s.v. : Lambert, Bonenfant et Gilles Brot luiz compaignons
absens); [
ausent, forme pop.
1. 2
emoitié du
xiies. « qui n'est pas présent » (ms. du
xives.) (
Vie de Saint Evroult, 3893-3894, texte norm. ds
Barb. Misc., II, p. 94 : Quer dan Noël, qui ert abbé,
Ausent fu...);
2. xives. « qui manque de (faire une chose), qui est défaillant (pour faire qqc.) », tour le plus souvent négatif,
Brun de la Montagne, Richel. 2170, f
o51 r
ods
Gdf. : Je croy c'onques nus hons en chemin ne en sentes Ne vit en son vivant II plus belles jouvantes,... L'escu ont enchargié sans faire plus d'atantes, Au porter tout entour ne furent pas
ausentes].
Empr. au lat.
absēns, -tis (part. prés. pris adj. du verbe
abesse) « qui n'est pas présent » dep. Plaute
(Rudens, 742 ds
TLL s.v., 213, 63;
cf. lat. médiév. «
id. » ds
Mittellat. W. s.v., 64, 39
sq.). Absent forme sav.,
ausent forme pop. avec vocal. de
-b devant consonne;
cf. absence et
aucence (1318,
Cart. de Troarn [Normandie], B. N. I, 10086, f
o89 v
ods
Gdf. Compl.), 2 emploi fig. de 1.
HIST. − Stab. sém. de ce mot qui s'est enrichi au cours des siècles tout en conservant ses sens anc. sauf 2 considérés auj. comme vx.
A.− Adj.
1. En parlant d'animés « qui n'est pas présent, qui est éloigné de »
a) Au propre « éloigné d'un lieu », 1
reattest. 1296 (
cf. étymol. 1); dans l'anc. lang., le mot semble avoir un sens assez large; il connaît une restriction au
xviieet
xviiies. (
Fur. 1690 −
Ac. 1798) : « Qui est éloigné du lieu de sa résidence ordinaire ».
− « Éloigné, séparé de qqn » spéc. dans le vocab. galant (
xvieet
xviies.); sens disparu : Par le moyen de la nostre amystié Qui veut aussi que la moytié je sente Du deuil qu'aurez d'estre de moy
absente. Marot,
Élégies, 3 (Hug.).
b) Au fig. « distrait, inattentif », emploi toujours vivant : Son esprit est quelquefois
absent. Ac. 1798.
2. En parlant d'inanimés « qui manque, inexistant »,
xviies. mais ne figure pas dans la lexicogr. entre
Rich. et
Besch. : Dangers
absents. Rich. 1680.
B.− Subst. (de
Nicot 1606 à nos jours) :
1. Lang. jur. :
− 1752 « celui que l'on ne trouve point et de qui on fait le procès par contumace »
(Trév.); ce sens a évolué (
cf. sém.).
2. Lang. milit. (
cf. sém.).
3. Expr. proverbiales :
a) Les os sont pour les absents, de
Fur. 1690 au
xixes. (
cf. sém.);
b) Les absents ont toujours tort, de
Ac. 1718 à nos jours.