ABRUTIR, verbe trans.
Étymol. − 1. 1541 « (des hommes) rendre semblable à la brute » (
Calvin,
Inst. Chrét. I, XV, 2 ds
DG : Le dormir en
abrutissant les hommes...);
2. 1541 « (d'inanimés immatériels) rendre lourd, épais » (
Id.,
op. cit., I, 181 ds
Littré : Il confesse que la prospérité a hebeté et
abruti tous ses sens).
1 dér. de
brute*, subst.; 2 dér. de
brut (
brute masc.) adj. (relation
hébété-abruti, cf. fin
ives. Nonius Marcellus, p. 77 ds
TLL s.v. brutus : brutum dicitur hebes et obtusum).
HIST. − Entré dans la lang. au
xvies., le mot s'applique également à un animé et à un inanimé abstr. (
cf.étymol. 1 et 2) et n'existe d'abord qu'à la forme trans. À la fin du
xviies. apparaît la forme pronom. (
cf. Fur. 1690 : Les esprits foibles
s'abrutissent dans la solitude) et au
xixes. l'emploi absolu : Les chevaux, la chasse (...) conviendraient comme délassement,
abrutissent comme occupation. M
mede Staël (Besch. 1852). Au cours des siècles le rapport existant avec l'animal est de moins en moins senti ((
cf. la déf. dans
Pt Rob.) « rendre semblable à la brute, dégrader l'être pensant » qualifiée de
vieille ou
litt.); actuell. le mot ne suggère que certaines caractéristiques que l'on prête à la bête brute (
cf. sém.). Sur la valeur styl. du mot
cf. Rém. sur le dict. de l'Ac. 1798 : ,,Le verbe
Abrutir est un terme du bon langage. L'ancien verbe
Abestir (...), est demeuré un terme patois.``