ABRUPTEMENT, adv.
Étymol. − 1327 [1531] « d'une manière brusque, hâtive », sens fig. (
Jeh. de Vignay,
Mir. hist., XXVII, 85, éd. 1531, ds
R. Hist. litt. Fr., 1, 181 : Il ne faut point que ung moyne diffinie
abruptement aucune chose); 1549 (« métrique : marquer la césure) de façon malencontreuse » sens fig. (I.
du Bellay,
Deffence et Illustr. de la langue françoyse, éd. Person, 142 ds
Z. rom. Philol., 28, 580 : J'ay quasi oublié un autre default bien usité, & de tres mauvaise grace. C'est quand en la quadrature des vers héroïques la sentence est trop
abruptement couppée, comme : « Si non que tu en montres un plus seur »).
Dér. de l'adj.
abrupt*.
HIST. − Dep. son entrée dans la lang., − et malgré son absence dans la docum. lexicogr. des
xviieet
xviiies. −,
abruptement conserve jusqu'au
xxes. la même signif.
1. Ses emplois sont originellement et essentiellement abstr. (s'agissant le plus souvent du style) :
cf. ds étymol.
J. de Vignay 1327 [1531],
Du Bellay 1549 et aussi : Les autres petits poèmes veulent être
abruptement commencés.
Ronsard,
Art poétique, 1565,
(DG). 2. Plus tardif et plus rare est l'emploi concr. :
cf. sém. Antérieurement, il n'y a guère que l'ex. de M
llede Gournay traduisant, dans Montaigne (II, 34), vers 1595,
Fertur in abruptum magno mons improbus actu (
Enéide, XII, 687) par
Ce mont roule abruptement, et se bouleverse, turbulent et ruineux (cité ds
DG).
− Rem. La disparition du mot aux
xviieet
xviiies. s'explique peut-être par le fait qu'il était alors concurrencé par les expr.
ab abrupto et
ex abrupto; cf. Ac. 1762,
Trév. 1771 et aussi :
− Ab abrupto. Terme latin qui s'est francisé par l'usage : on s'en sert pour exprimer une chose qu'on fait sur-le-champ, sans préparation, sans prélude, et sans cérémonie, ou brusquement et à l'improviste. (
Trév. 1752).
− Abrupto, s. m.
Ab abrupto et
ex abrupto. Mots empruntés du latin qui signifient, inopinément, brusquement et sans préparation. (
Ac. 1798).