ABREUVOIR. subst. masc.
Étymol. − 1. xiiies. « lieu disposé pour abreuver les animaux » (
St Graal II, 218 ds
Gdf. Compl. : Li
abreveors de cevax del chastel, si estoit tous pavés de marbre); 1284 «
id. » (
Jean de Meun,
Art Chevalerie, 95 ds
Cohn,
Bemerk. TL ds
Arch. St. n. Spr. CXXXIX, 64) : li
abuvroirs. 2. 1390 « verre à boire » (
Arch. nat., JJ 139, pièce 224 ds
Gdf. : Gillot tenant en sa main un
abuvroir ou
abuvoir ou il buvoient plein de vin...), attest. unique.
Dér. de l'a. fr.
abevrer (abreuver*
), suff.
-oir*
; corresp. lat. médiév.
abrevatorium au sens 1 dep. 1219 (
Du Cange s.v.).
HIST. − Le sens propre « lieu disposé pour abreuver les animaux » est attesté dep. le
xiiies. (
cf. étymol. 1) et reste stable jusqu'à l'époque contemp., avec qq. nuances néanmoins :
− durant les
xviieet
xviiies., il se dit surtout à propos de chevaux (
cf. abreuver, hist. A) et d'oiseaux;
− il connaît un élargissement à partir de
Ac. 1798 qui ajoute ,,pour se baigner``;
− enfin, aux
xixeet
xxes., il concerne également les hommes (
cf. sém.). Un emploi p. anal. « verre à boire » attesté au
xives. (
cf. étymol. 2) a disparu. Au cours des siècles apparaissent en outre des sens fig. et techn.
1. Au fig.
a) Abreuvoir à mouches « plaie où les mouches peuvent s'abreuver », attesté dep. le
xvies. et mentionné par tous les dict., subsiste et appartient à la lang. fam. et imagée : Vous le recognoistrez à ses grandes moustaches noires, retroussées en dents de sanglier, et à un grand
abreuvoir à mouches qu'il a sur la joue gauche.
Tournebu,
Les Contens [1584], III, 1 (
Hug.).
b) « Cabaret » (lang. pop.),
cf. DG. 2. Techn.
a) Maçonn., 1
reattest. lexicogr. chez
Fur. 1690, subsiste.
b) Eaux et forêts « gélivure, gouttière », 1
reattest. lexicogr. ds
Trév. 1771, subsiste
(cf. Lar. encyclop.).