ABRACADABRA, subst. masc.
Étymol. − xvies. (
Ambroise Paré, XXV, 31 ds
Littré : c'est un plaisir que d'entendre telle manière de faire la médecine, mais entre autres ceste-cy est gentille, qui est de mettre ce beau mot
abracadabra en une certaine figure qu'escrit Sérenus pour garir de la fiebvre).
Formule magique, passant pour guérir les maladies, attestée au début du
iiies. dans poème didact. lat. :
Serenus Sammonicus,
Liber medicin., 935 ds
TLL s.v., 128, 14 : inscribis cartae quod dicitur abracadabra. Selon hyp. traditionnelle, empr. au gr. α
̓
ϐ
ρ
α
κ
α
́
δ
α
ϐ
ρ
α (où le C issu de la confusion entre Σ [σ] et Ξ [ξ] a été pris pour K), mot prob. forgé par les gnostiques basilidiens à partir du gr. α
̓
ϐ
ρ
α
ξ
α
́
ς, voir
abraxas*. Selon hyp. récente (
E. Katz,
Abrakadabra und Abraxas ds
Z. Gesch. Jud., I, 1964, 179-187)
abrakadabra est un mot magique d'orig. hébraïque attesté dans tradition lat. (voir
sup.) et gr. et qui, lu en boustrophédon, conformément à l'hébr. :
arba- dak - arba, signifie littéralement « Que le quatre anéantisse le quatre » (hébr.
arba « quatre »; hébr.
dak, impér. du verbe DDK « casser, anéantir ») c.-à-d. « Dieu (quatre étant un cryptogramme représentant le Tout-Puissant) maîtrise (en cassant, anéantissant) les quatre éléments »; la symbolique des nombres de cette formule, disposée en triangle, et son explication conformément aux coutumes de la gnose révèle sa vertu de protection contre les maladies. Terme introd. en fr. prob. par vocab. méd.
HIST. − Grande stab. de ce mot monosém. dep. les orig.
− xviies. : T. barbare qui se trouve dans les
Lettres de Voiture. C'étoit une inscription qui servoit de caractère pour guerir plusieurs maladies, et chasser les Demons, dont l'Auteur étoit un Heretique qui vivoit sous l'Empereur Adrien, qui reconnoissoit pour Dieu Souverain
Abracax, duquel dependoient plusieurs autres Dieux, et sept Anges qui presidoient aux sept cieux. Il leur attribuoit 365 vertus, autant que de jours en l'an, et autres choses superstitieuses.
Fur. 1690.
− Rem. 1. Déf. reprise par
Fur. 1701,
Trév. 1704, 1752, 1771.
2. Trév. 1752 précise : C'est dans la 192
elettre à M. Costar qu'il [Voiture] lui propose, en riant, cette recette pour la fièvre (suivent les 3 premiers vers latins du texte originel de Serenus).
− xviiies.
Encyclop. (1751), qui fait une étude développée des origines cabalistiques du mot.