ABRÉVIATION, subst. fém.
Étymol. − Corresp. rom. : prov.
abreviacioun; ital.
abbreviazióne; esp.
abreviación; cat.
abreviació; port.
abreviacão.
1. 1375 « version abrégée d'un écrit » (
Raoul de Presles ds
Berger,
Bible au Moy. Âge, 248 ds
R. Hist. litt. Fr., I, 180 : Ce second livre des Machabieux est une
abreviacion d'un grand volume);
2. « action d'abréger » terme gén. 1452-72 (
Actes des Apostres, vol. 1, f
o87b ds
Gdf. :
abreviation... de nostre voyage);
xves. (?) (
Cron. de Norm. de nouveau corrigees, f
o117 v
ods
Gdf. Compl. : abreviagion de sa vie).
Empr. au lat. chrét.
abbreviatio, attesté au sens 1 dep. le
ives. (Ambrosiaster, Migne, 17, 49 ds
TLL s.v., 51, 7 : abbreviatio facta legis est;
cf. 877 : pauca de multis in hac adbreviatione contexere,
Andréas Bergomas,
Hist. Longob. 1, p. 221-18 ds
Mittellat. W. s.v., 15, 6); à remarquer que
abbreviatio désigne dep.
ca 1200 (Gaufroi de Vinsauf) le procédé styl. très en faveur au Moy. Âge consistant à rédiger la version abrégée d'un écrit (opposé à la
dilatatio). 2 est en lat. médiév. un élargissement de 1 (
cf. abbreviatio dierum, vitae,
ibid. 15
sq.).
HIST. − Mot entré dans la lang. au
xives. avec un sens qui n'a pas subsisté (
cf. étymol. 1, 1 attest. isolée). Il prend au
xves. un autre sens (
cf. étymol. 2) qui reste gén. (
cf. avec
abréger, sém. I 1) jusqu'au
xviies. : Pour l'
abréviation de la guerre.
Tavannes 1573,
Mémoires, publ. en 1657. Puis il se spécialise dans le domaine de la lang. écrite, et, enregistré comme tel par tous les lexicographes, devient le sens princ. du terme jusqu'à nos jours (
cf. sém. I). P. ext. il signifie en outre dep. la fin du
xviiies. « l'emploi des lettres initiales d'un mot pour le désigner » (
cf. Ac. 1798, 1
redict. à mentionner ce sens, et aussi sém. II); il se substitue alors à
abréviature, de même sens, et vx (
cf. ce mot, hist.). P. ext. également il connaît dep. le
xixes. divers emplois, notamment en jurispr.,
abréviation de délai (
cf. Littré et sém. I A), en ling., où il diffère de
abrégement réservé aux réductions réelles (ell., phonét., etc.) (
cf. sém. I B), en typogr. (
cf. sém. I B), en mus. (instrumentale particulièrement) et en peint. (
cf. sém. II B). Cet élargissement et la vitalité du terme sont dus sans doute à la pratique cour. de la chose, surtout à l'époque contemp. (
cf. sém.).