ABONNIR, verbe trans.
Étymol. − 1. Réfl.
a) env. 1180
s'abonir à « se donner tout entier à, obéir à qqn » (
Renart, 9923-26, éd. Méon : Renart ne hé-ge mie tant Por riens qu'en li voist sus metant Que je le voille encore honir S'il se velt a moi obeir (var.
abonir).
Cf. éd. Martin, v. 236 : S'il se voult
a moi
abonir); av. 1243
s'abonir vers « se donner tout entier à qqn » (
Mousquet,
Chron., 23717, Reiff. ds
Gdf. : Apris son grant tresor de pieres Preciouses dignes et cieres, Si donna il a St Denis,
Viers qui il s'
iert moult
abonnis) d'où mil.
xvies. (date impression)
abonny part. passé adjectivé : « réduit à l'état de soumission totale » (
Farce du Cuvier, 53-56 ds
B. C. Bowen,
Four Farces, p. 19 : Certes Jacquinot, mon amy, vous etes homme
abonny −
Abonny! Vertu sainct George! J'aymeroys mieulx qu'on me coupast la gorge.
Abonny! benoiste Dame!);
b) fin
xiie-début
xiiies.
s'abonnir à « trouver bon de, consentir à (+ inf.) » (
Rom. de St Graal, 2377, Michel ds
Gdf. :
A ce soufrir Ne
se vourrent plus
abonnir);
2. intrans. 1204 « sembler bon (d'une chose) » (
Recl. de Molliens,
De Charité, éd. van Hamel, 176, 5 ds T.-L. : A Evain li fruiz
aboni);
3. trans. 1224
abonni part. passé adjectivé « estimé, regardé comme bon » (
G. de Coinci,
Miracl. de N. Dame, Kœnig, I, 37, v. 712 : Richece est mais si
abonie Et si plaisans a mainte gent Plus convoitent or et argent Que la gloire dou ciel lassus).
Dér. de
bon*
; préf.
a*-, suff.
-ir*
; à distinguer du m. fr.
abonnir, terme jur., var. de
abonner.
HIST. − Mot entré dans la lang. à la fin du
xiies. et très vivant en a. fr. (
cf. la multiplicité d'emplois ds étymol.). À partir du
xvies. ces sens et emplois disparaissent;
abonnir connaît alors un autre sens « devenir bon, meilleur; rendre bon, meilleur » où l'étymon
bon est mieux senti, peut-être sous l'influence de l'Humanisme, mais il ne cesse de perdre de sa vitalité et semble peu usité de nos jours (
cf. styl.).
− xvies. : Vin
s'abonist en fraische cave.
Baif,
Mimes, L. II (V, 70) (Hug.).
− xviies. : Les cabaretiers trouvent le moyen d'
abonnir leur vin par les drogues qu'ils y mélent.
Fur. 1690. On le dit aussi avec le pronom personnel. (...) Les affaires criminels [sic]
s'abonnissent, quand on les fait tirer en longueur.
Fur. 1690.
− xviiies. : C'est un vieux pécheur, il n'
abonnit point en vieillissant.
Ac. 1762.
− Rem. Dès
Fur. 1701 il est considéré comme fam. Un sens techn. apparaît au
xviies. et subsiste jusqu'à
Lar. 19e: Terme de potier, faire sécher à demi, et rendre en état de rebatre. [
Abonnir le carreau.]
Rich. 1680.