ABOMINABLEMENT, adv.
Étymol. − 1. xives. « d'une manière à inspirer la réprobation » (
Chron. des Quatre Valois, 295 ds
Quem. t. 1 1959 : pour l'amour et honneur du roy (...) fut icelui prevost resputé d'estre ars, comme cil qui l'avoit trop
abhominablement deservi);
2. 1422 « d'une manière à inspirer un sentiment d'horreur (dans un contexte religieux) » (
Courcy,
Hist. de Grèce, Ars. f
o253a ds
Gdf. Compl. Contre Dieu tout leur temps emploierent et puis finerent
abhominablement);
3. 1560 « de manière à inspirer la nausée » (
Viret,
Cuisine papale, 47, ds
Quem. t. 1 1959) : les singes de ces singesses et ces singes
abominablement puans.
Dér. de
abominable*; suff.
-ment*.
HIST. − Aucun sens disparu av. 1789.
A.− Hist. du sens I (sém.).
− Grande stab. sém. dep. le
xives.
cf. étymol. 1 et 2 et aussi :
− 1570 : Il est tout manifeste combien ceux-cy l'ont honoré : c'est-à-dire, combien vilainement et
abominablement (
La cité de Dieu, trad. G. Hervet, 1, 212a ds Vaganay,
Hist. franç. mod.).
− Cf. encore
Fur. 1690,
Ac. 1878,
Littré, Rob. B.− Hist. du sens II (sém.)
− 1. Dans ce sens le mot s'est empl. d'abord avec des verbes : 1
redat.
Ac. 1694 (
cf. aussi
abominable sens II et
Journet-Petit t. 1 1966) dans un type d'expr. constamment repris :
chanter, écrire abominablement; dep. 1694 grande stab. sém. (
Trév. 1704;
Ac. 1878;
Lar. 20e).
2. A une époque relativement récente (
xviiies.) cet emploi s'est étendu aux adj. et adv. : chanter, écrire
abominablement, abominablement mal (
Ac. 1798). Emploi attesté de façon discontinue ds les dict. :
Ac. 1835,
DG, Lar. 20e, Lar. encyclop. L'attest. du
xviiies.
abominablement laide (
Voisenon,
Alphanore et Bellanvie ds
DG) est souvent donnée par les lexicographes.