ABOIEMENT, subst. masc.
Étymol. − xiiies. « action d'aboyer » sens propre (
Abaiement au lop, Sermons écrits en dialecte poitevin, 88 ds
Le Dialecte poitevin, éd. A. Boucherie, Paris 1873 ds T.-L.); fin
xiiie-déb.
xives. «
id. » (Li chien donent
abayement,
Macé de la Charité,
Bible BN 401 f
o86c ds
Gdf.).
Dér. de
aboyer*
; suff.
-ement/-ment1*.
HIST. − D'abord concurrent litt. de
aboi plus anc. d'un s. (par commodité de versif.
Cf. ds
Gdf. 1
resattest. souvent en poésie); est devenu cour. à mesure que
aboi était restreint à la lang. de la vén. (
cf. aboi, hist.). Au terme de l'évolution on trouve l'oppos. actuelle :
aboiement(s) « cri du chien au sens propre et au fig. » (sauf en cynégétique)/
aboi(s) var. styl. litt. « cri du chien » (dans des expr. figées de la cynégétique).
− Rem. En dehors de la vén. l'oppos.
aboiement(s)/aboi(s) est donc restée styl. (mais avec renversement des valeurs originelles). L'oppos. sém. proposée par
Lav. 1820 (reprise par
Besch. 1845,
Littré, Guérin 1886) semble précaire, voire artificielle (
cf. aboi, sém. I, ex. 1 à 3 notamment, qui ne la justifie pas) et relève quelque peu du goût fr. pour la résolution des synon. :
Aboi se dit particulièrement en parlant de la qualité naturelle du cri : un chien qui a l'
aboi rude, aigre, perçant; (...).
Aboiement se dit plutôt des cris mêmes;
de longs aboiements (...). On dit : faites cesser les
aboiements de ce chien et non pas faites cesser son
aboi ou ses
abois.
I.− Disparition av. 1789. − Constr.
aboiement + prép. + subst. sur la base de la constr. verbale
aboyer à : attest. unique ds étymol.
II.− Hist des sens et emplois attestés apr. 1789. − A.− Au propre, en parlant du cri du chien ou d'un animal assimilé (
cf. sém. A) :
− xives. : L'air font tentir et resonner Li chien pour leur
abaiement. Fables d'Ov. (Gdf.).
− xviies. L'
abboyement d'un chien, de longs
abboyements. Ac. 1694.
− xviiies. 5 ex. de Buffon ds
Besch. 1845 : L'
aboiement de la chienne était encore moins décidé que celui du mâle.
B.− P. ext. et au fig. (
cf. sém. B) :
− xvies. : Ils [les ignorants] m'ont enseigné de m'endurcir à leurs
aboiements. J.-J. Scaliger,
Lett. 21
(DG). − xviiies. [En parlant du chant] : On n'entend qu'un
aboiement confus, et le duo ne fait point d'effet.
J.-J. Rousseau,
Dict., I, 352.
− xviiies. : Fermons l'oreille aux
aboiements de la critique.
Buffon,
Disc. à l'Acad. (DG). − xixeet
xxes. cette figure, que
Besch. 1845 juge fam., devient cour. :
cf. sém. ex. 5 à 10 et
IGLF 4 attest. (de Mérimée et L. Daudet) sur 8 données pour le mot.