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ABLUTION, subst. fém.
Étymol. − Corresp. rom. : prov. mod. ablucioun; esp. ablución; cat. ablució; ital. abluzióne. xiiies. terme relig. « purification par l'eau du baptême » (Barlaam et Josaphat ms. de Besançon ds J. Sonet, Le Roman de Barlaam et Josaphat I, 1949, 219 ds A. Goosse, Fr. mod., t. XXI, p. 216) : ... ablucïons de la Sainte Onde..., empl. en relation avec le mot péché, synon. de « souillure », dont il faut se purifier; début xives. « ablution baptismale » (Ovide moralisé, Ars. 5069, fo231 rods Gdf. Compl. : ... cil sont de nouviaus regnez [lire rengez]... Ou cors sainte eglise... par batoiable ablucion ...). Empr. au lat. chrét. ablutio (« absolution » dep. Tertullien, De Baptismo, 5 ds TLL s.v. : per ablutionem delictorum) attesté au sens de « purification par l'eau du baptême », « baptême » dep. Saint Ambroise (De paenitentia 2, 11, 98 ds Blaise s.v. : ad senectutem differre ablutionis gratiam; cf. lat. médiév. 1243-1248, Albert le Grand, De sacramentis 46, 34 ds Mittellat. W. s.v. : ablutio ... baptismi). HIST. − A.− le sens relig. anc. se maintient avec des accept. diverses : 1. Dès le xvies., ablution peut signifier, p. ext. « purification religieuse » (1551, Calvin, Inst. Chrét., 523 ds Littré). 2. Vers la fin du xviies., ablution est réservé presque exclusivement aux rites de la messe. Selon le même dict. : ,,c'est aussi le vin et l'eau qui ont servi à laver les doigts du Prêtre``. Selon Fur. 1690 : ablution n'est en usage en françois que pour signifier cette goutte de vin qu'on prend après la communion pour consommer plus facilement la Sainte Hostie, ou qui sert à laver les doigts du prêtre qui a consacré. Cette accept. semble (?) tirée par les lexicogr. de l'expr. prendre l'ablution (cf. Rich. 1680; Ac. 1694 à 1798; Saint-Simon, Mém. 329 ds Littré). 3. Au xves. ablution est attesté pour le lavage des autels (cf. Ord. XVI, 267, sept. 1464 ds Gdf. Compl.); de la fin du xviieau xixes., pour l'action de blanchir les habits des relig. vêtus de blanc (cf. Fur. 1690); au xixes., pour le lavage des linges ayant servi durant la messe (cf. Lar. 19e). 4. Le sens de purification du corps par l'eau dans les relig. anc. ou orientales mod. est attesté à partir de la fin du xviies. (cf. 1687, Fontenelle, Histoire des Oracles I, 15 ds Littré; 1796, C.-F. Dupuis, Abrégé de l'origine de tous les cultes, p. 560; Ac. 1835). B.− Un emploi techn. en pharm. et en méd. est attesté du xvieau xviiies. : Et subit lui fait ablution d'Egyptiac avec un petit d'eau de vie. (A. Paré, VIII, 15, [1575] ds Littré); « lavement » (?) ds Nicot 1606; « a washing away » (?) ds Cotgr. 1611. Les médecins et les chirurgiens appellent ablution une préparation du médicament dans quelque liqueur pour le purger de ses immondices ou de quelque mauvaise qualité. Fur. 1701 et Trév. 1704. On appelle de ce n. plusieurs opérations qui se font chez les apothicaires. Encyclop. 1751 (cf. Brunot t. VI, 1, 2, p. 564, qui note que le sens plus ou moins méd. paraît avoir été au xviiies. encore fort imprécis; Quem. Méd. 1955, p. 42). C.− Dans le 1erquart du xixes. apparaît un sens non relig. (cf. ci-dessus 1erex.; Ac. 1835; Poit.; Lar. 19equi note que l'emploi est fam. et abusif et donne les expr. recommencer une ablution, faire son ablution du soir; DG qui note ce sens comme fam. en citant l'expr. faire ses ablutions; Lar. 1897; Journet-Petit; ex. non datés de De Cussy et d'E. Sue).