ABLE, subst. masc.
Étymol. − Corresp. rom. : ital.
àvolo; cat.
able. 1393 « poisson blanc du genre des cyprinidés » terme, ichtyol.
(Le Ménagier de Paris, éd. société des Bibliophiles françois II, 100 : Quart mets. Gelee, escrevices, plais en l'eaue,
ables et froide, sauge, nomblès à la sausse chaude, pastés de vache et talemouses);
xves. «
id. » (empl. pour exprimer une valeur infime) (
Martyre de S. Denis ds
Gdf. Compl. : Qui nos diex ne prises, II.
ables).
Du lat.
albula, subst. fém. (substantivation de
albulus, adj., dimin. de
albus « blanc ») au sens de « petit poisson » dep.
Varron,
Res Rustic., 3, 14 ds
TLL s.v.; cf. Corp. Gloss., éd. Götz, III, 355, 76 : de piscibus... albula : ι
κ
τ
α
ρ [α]. La forme
a- repose sur un type dissimilé*
ab(u)la, cf. 1239,
Compte ms. ds
Du Cange s.v. abula : Decano Turon, ille, qui capit Abulas, de dono ad unum batellum emendum, xl. sol. Tur.
Cf. avec forme
au-, s.v. ablette.
HIST. − 1. Vx mot de la lang. commune apparu au
xives. (
cf. étymol.) et mentionné sans changement dans la lexicogr. jusqu'au
xixes. A son orig. il signifie simplement « blanchaille »; il s'emploie aussi comme synon. de
ablette (
cf. ce mot, hist.); il est toujours recensé comme tel, sauf ds Cotgr.
2. À partir de
Cuvier,
Hist. du règne animal, le mot désigne en outre un genre de poissons de la famille des cyprins et devient ainsi le synon. sav. des désignations vulg. « poissons blancs » ou « blanchaille ». Dès lors, et surtout au
xxes. s'établit la distinction entre
ablette et
able, le 1
erdevenant une variété du second et celui-ci, tout en restant synon. de
ablette dans la lang. commune, fonctionne davantage, dans la lang. de l'ichtyol., comme terme générique des poissons de la famille des cyprinidés.
− Rem. Au
xixes. on rencontre un emploi très partic. de
able pour désigner une espèce de saumon des lacs de Suède et d'Allemagne
(cf. Lar. 19e), dit le
saumon albe (
cf. Besch.), sans doute p. anal. de couleur.