ABDOMEN, subst. masc.
ÉTYMOL. − Corresp. rom. : ital.
addome; esp., port., cat., roum.
addomen.
1537 « région inférieure du tronc de l'homme et de certains animaux » Jehan Canappe (trad. du
Quatrième livre de thérapeutique de Galien ds
Fr. mod., t. 18, p. 270 :
abdomen).
Empr. au lat.
abdomen «
id. », dep. Plaute (d'un homme, dep.
Plaute,
Miles, 1398 ds
TLL s.v., 59, 46 (exactement « α
ι
̓
δ
ο
ι
̃
α »); d'un porc,
Id.,
Curculio, 325,
ibid., 59, 27).
HIST. − A.− Bien qu'ayant une accept. pop. «
abdomen d'animaux, surtout du porc », le mot lat. n'est pas passé en roman. Il réapparaît au
xvies. dans la lang. sav. par le biais des trad. d'ouvrages sc. (
cf. étymol. et
inf.).
1. « La paroi du ventre » :
Abdomen ou épigastre. Ch.
Estienne,
Dissect. des parties du corps, [1546], 57, 33, (Quem.). Le dessus du ventre ou
abdomen. Id.,
ibid., 108, 37, titre. Les muscles de l'épigastre ou
abdomen. Id.,
ibid., 378, 9; 176, 7.
2. « La cavité du ventre » : Ce qui est contenu soubz la membrane entendue (sic) sur l'
addomen (sic).
Id.,
ibid., 169.
B. xviies. − Encore signalé comme mot lat. de la lang. sav. Absent de nombreux dict. selon
Brunot t. 14, p. 586 : Renaud (1697,
Man. de parl. 542) a remarqué qu'il manque à
Rich. et que l'
Ac. l'a omis également et l'a renvoyé au recueil de Th. Corneille :
Abdomen, partie du ventre contenant les intestins.
H. Germbergius,
Lex. lat.-fr., [1606], (Quem.
Intr. Etud. Voc. Méd.)
− Fur. 1690 définit
abdomen « partie antérieure du bas-ventre » et donne comme un mot lat.
C.− xviiies. − Emploi toujours vivant :
1. Fur. 1701 donne toujours
abdomen comme mot lat. et substitue « extérieur » à « antérieur ».
2. Trév. 1704 reprend la déf. de
Fur. en ajoutant : ,,se dit, quelquefois, mais improprement, des parties contenues dans le bas-ventre.``
3. Les savants hésitent à employer le mot pour les insectes, mais cet emploi de
abdomen est virtuellement passé dans la lang.
Brunot t. 6, pp. 560-561 note que Réaumur, pour la raison que le mot est plus lat. que fr., s'interdit
abdomen qui lui eût été utile et le remplace par de maladroites périphrases : Nous laissons simplement le nom de corps à la partie postérieure du corps des papillons.
Réaumur,
Mém., [1734], 5, t. 1, p. 206. Le mâle allonge et recourbe le bout de son derrière.
Id.,
ibid., [1736], 2, t. 2, p. 66.
D.− xixeet
xxes. −
1. Ac. 1835 remplace ,,mot lat.`` par ,,emprunté du lat.``, ce qui établit la francisation. Désormais le mot a cessé de n'appartenir qu'à la lang. sav. Il est passé à nouveau dans la lang. cour. comme synon. de
ventre (
cf. déf.
Ac. 1835). La nuance péj. signalée aux lointaines orig. du mot est parfois retrouvée. Auj.
abdomen semble moins reçu dans la lang. sc. du moins pour ce qui est de l'homme. On lui préfère la désignation par l'adj.
abdominal : paroi, cavité, abdominale, etc.
2. Ac. 1835 signale en outre que
abdomen désigne ,,la partie postérieure des insectes``.
DG précise (à côté du sens « bas-ventre »), « cavité contenant les viscères digestifs ».
3. Colette (ex. 6) semble avoir eu l'intuition du mécanisme évolutif du mot. Non seulement
abdomen y est construit comme adj. (parallèlement à l'usage plus fréq. de
abdominal par rapport à celui du subst.
abdomen), mais le champ d'application du mot change : du règne anim. on est passé au règne végét.