ABBAYE, subst. fém.
ÉTYMOL. − Corresp. rom. : a.prov.
abadia; n.prov.
abadie; ital. port.
abbadia, abbazìa; roum.
abatie.
Fin
xies. (?) terme relig. « monastère gouverné par un abbé » (
Lois de Guillaume, 1 ds
Gdf. Compl. : Se ces fust u evesqué u
abbeie);
ca 1170 «
id. » (
Chrétien de Troyes,
Erec et Enide, éd. Foerster, 3139 : ... une jornee tot au tor N'avoit chastel, vile ne tor, Ne meison fort ne
abeïe, Ospital ne herbergerie) 1165; «
id. » (
Chrétien de Troyes,
La vie de Guillaume d'Angleterre, éd. Wilmotte, 1137 : Puis issi fors de m'
abeïe [ : vie]).
Du lat. eccl.
abbātiā, attesté dep. 651 au sens de « charge, dignité d'abbé »,
Prou-Vidier,
Rec. des ch. de S. Benoît-s-Loire, I, n
o1 ds
Nierm.,
s.v. : Dum me divina pietas basilicae domni Aniani... abbatiae sublimatum honore ejusdem loci custodem esse instituit; dep. 798 (?) au sens de « monastère placé sous la direction d'un abbé »,
Concil. Rispac., Conc. II p. 196
ibid. : [veniant] de illa vestra abbatia illos proceres monachos, quantos vobis videtur (attest. de 710 et 720 qualifiées d'interpolation par Nierm.); dep. 825-830, au sens « ensemble des domaines et des autres droits profitables attachés à la fonction d'abbé »,
Epp. V, p. 290,
ibid. : [Abbas] ipsius monasterii monachis portionem de abbatia dedit, ut regulariter viverent. −
Dict. d'archéol. chrét. et de liturg., s.v.; Arch. f. lat. Lex., t. II, p. 444.
HIST. − Apparu à la fin du
xies. (
cf. étymol.), le mot
abbaye, attribué d'abord aux monastères fondés par St Martin au
ives. à Ligugé et à Marmoutiers et par St Honorat au
ves. à Lérins, s'est maintenu dans la lang. contemp. pour les 2 accept. A et B. La distinction établie sous l'Anc. Régime entre l'
abbaye en règle, soumise à l'autorité d'un relig., et l'
abbaye en commende dont un eccl. séculier ou un laïc peut être titulaire figure toujours dans la lang. contemp. par all. au passé et à titre d'arch. de civilisation, par suite de l'abolition de la commende dep. 1789. Il en est de même pour
abbaye au sens C. Pour les sens groupés sous D,
cf. Esn. et
FEW, XXIV : « bordel » dès 1389 (charte fr.
cf. Du Cange s.v. abbas et T.-L.) dans l'expr.
la grant abbaye (de Toulouse); « refuge de voleurs »
cf. abbaye ruffante « four chaud à pain » public 1596 (
Esn.); « potence » 1628 (
Esn.);
monte à rebours (d'apr. la manière de monter sur la potence) 1836 (
Esn.).