ABATTOIR, subst. masc.
ÉTYMOL. − 1. xvies. « partie de muraille, abattue, permettant l'accès » (
Chron. bordelaise, 1, 274, Delpit ds
R. hist. litt. Fr., 1, 178 : Comme Sa Majesté fut arrivée à Chaliot, se tournant vers la dicte ville : « Je n'entreray jamais [dit le roi] dans ton enceinte que par l'
abatoir d'une grande et mesurable breche »);
2. 1813 « lieu destiné à l'abattage des animaux de bouch. » terme de bouch. (
V. de Jouy,
L'Hermite de la chaussée d'Antin, éd. Pillet, t. 4, p. 353 : L'«
abattoir » situé au haut du faubourg Montmartre est à peu près terminé); 1818 «
id. », emploi fig. (
F.-R. de Chateaubriand,
Opinion sur le projet de loi relatif à la liberté de la presse, pp. 261-262 : Où se trouve donc le véritable esprit de la France? Est-il représenté ... par des censeurs amovibles, assis sur les escabelles de M. de Corbières, dans un
abattoir où l'on assomme à huis clos l'opinion?)
Dér. du thème verbal de
abattre* 1, sens propre; suff.
-oir*.
HISTORIQUE
I.− Disparition av. 1789. − « Ce qui est abattu » (
cf. abattre, sens propre), une attest. isolée,
xvies. (
cf. étymol. 1).
II.− Sens et emplois attestés apr. 1789. − A.− « Lieu destiné à l'abattage des animaux », 1
reattest. 1806 (
cf. étymol. 2) subsiste (
cf. sém. A).
B.− « Lieu de massacres humains » (emploi créé p. anal. avec le sens précédent), 1
reattest. 1855 (Soldats de Crimée ds
Esn.), subsiste (
cf. sém. B).
C.− Emplois arg. − Apparus au
xixes., ils sont cités ci-dessous dans l'ordre chronol. de leur apparition :
1. « guillotine », 1
reattest. 1847 (
cf. ex. 15);
2. « atelier », 1
reattest. 1870 (
Esn.);
3. « lieu mal fréquenté », 1
reattest. 1894 (
Id.);
4. « (audience de) tribunal correctionnel », 1
reattest. 1898 (
cf. ex. 14).