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ABATTIS, ABATIS, subst. masc.
ÉTYMOLOGIE I.− Emploi actif. − 1130 « action de tuer (dans un combat), massacre » (Cour. Louis, éd. Jonchbloet, 2299 ds Gdf. : La veissiez un abateiz fier Costes et bras et testes peçoier); apr. 1160 « id. » (Rou, éd. Andresen, III, 4094 ds Keller, Et. vocab. Wace, 276b : Ranof vit le grant poigneiz E vit le grant abateiz). II.− Emploi passif. − 1. 1173 « espace de la forêt où les arbres ont été taillés, taillis » (Aiol et Mirabel, éd. Förster, 4919 ds T.-L. : Je m'en irai avant se vous volés A cel abatëis que vous veés); 2. xiiies. « monceau de cadavres » (S. Graal, Bibl. nat., 2455, fol. 57a ds Gdf. : Quant il vit ses compaignons mors si joint les pies et tressalt l'abaiteis qui estoit antor lui). Dér. du thème verbal de abattre* 1, sens propre; suff. -is* (a. fr. -eïz, -eïs devenu régulièrement -is). HIST. − Entré dans la lang. au xiies. (cf. étymol.), apparaît comme synon. partiel de abat à partir du xves. (cf. ce mot) et indique actuell. le résultat de l'action, princ. dans le vocab. techn. (bouch.) et dans la lang. arg., l'action elle-même étant plutôt sentie dans abattage (cf. ce mot). I.− Disparitions av. 1789. − A.− « Action d'abattre ». 1. L'obj. est un animé : « massacre », 1reattest. 1130 (cf. étymol. I), Nicot 1606 : On dit aussi, en cas de guerre, Après une bataille faire grand abbatis. Cet emploi est auj. senti comme fig. (cf. sém. A). 2. L'obj. est un inanimé. − Attest. xvies. : Avec le fouet on ordonne l'abatis des cheveux, comme peine extraordinaire. É. Pasquier, Recherches, [1546], VIII, 9, (Hug.). Gattel 1797 ,,abatis, les bêtes tuées par les vieux loups`` paraît un arch. dont la vie est prolongée par le dict. B.− « Monceau de cadavres », 1reattest. xiiies. (cf. étymol. II 2), dernière attest. début xvies. : La mer fut tant orgueilleuse qu'elle monta à fleur de cette muraille, et en rua grant abbatys en mer. D'Auton, Chron., Richel. [Bibl. Nat.], 5082, fol. 110b, (Gdf.). C.− « Partie de la forêt dont les arbres ont été abattus », 1reattest. 1173 (cf. étymol. II 1); Fur. 1690 le signale pour la 1refois comme hors d'usage. Au xixes. et auj. peut-être région de l'Ouest (Fromentin, La Varende; cf. sup. ex. 5?) Cf. aussi sém. I A, canadianisme. D.− « Abattoir », Fur. 1690, Trév. 1752 : Les reglemens de Police portent, que les Tueries, ou Abattis des Bouchers seront hors les villes. (...) En cet endroit, il semble signifier le lieu où un boucher tue ses bestiaux. Ac. 1798. Encore ds cette accept. disparaît au xixes. (cf. Besch. : ,,Ce mot avait anciennement l'acception d'abattoir.``) II.− Sens attestés apr. 1789. − A.− « Action d'abattre; ce qui est abattu (chose ou animal) », 1reattest. xiies. (cf. étymol. II) (cf. sém. A) : xviies. : Faire un grand abattis de gibier. Ac. 1694. xviiies. : Il y a eu un grand abatis de maisons par le tremblement de terre. Il y a plusieurs abatis de pierre dans cette carriere. Trév. 1704. B.− P. ext. « obstacle artificiel », terme milit., 1reattest. fin xviies. (FEW ca 1680) (cf. sém. A) : Les ennemis traversèrent les chemins par des abbatis des grands arbres. Ac. 1694. C.− « Chemin », terme de vén. (parfois synon. de abatture, cf. ce mot); 1655 (FEW) Fur. 1701 : Chemin que se font les jeunes loups, lors qu'en allant souvent au lieu où ils ont été nourris, ils abatent l'herbe. Encore ds Lar. 20e. D.− Synon. de abats (terme de bouch.), 1reattest. ds Fur. 1690, subsiste (cf. sém. B) : On dit aussi en cuisine, faire des potages d'abatis d'agneau, d'abatis de poulet d'Inde ... E.− « Membres » (d'une pers.), terme arg., ext. du précédent, apparu dans le vocab. de la peint. (1839) : Les pieds du genre de ceux que les peintres appellent des abattis étaient ornés. Cf. Numéroter ses abattis. Balzac, Pierre Grassou (Quem.).