ABATTEUR, EUSE, subst. masc. et fém.
ÉTYMOL. − 1. 1200 « celui qui coupe les arbres, bûcheron » (Charte ds
Mém. p. serv. à l'hist. du dép. de l'Eure, I, 43b, L. Delisle et Passy ds
Gdf. Compl. : lesqueulx
abateur et alaigneur sont présenté au verdier);
2. ca 1462, emploi fig.
abateur de femmes « homme qui triomphe des femmes » (
Cent nouv., XXII,
ibid. : Et plus de cent mille choses que ces
abatteurs de femmes savent tout courant et par cœur).
Dér. du thème verbal de
abattre* étymol. 1, sens propre; suff.
-eur*.
HIST. − Un seul sens, mais divers emplois propres et fig. (fam. ou arg.); ces derniers supplantant les emplois propres et tendant, comme eux, à disparaître à l'époque contemp.
− Rem. abatteuse est mentionné pour la 1
refois par
Besch. mais même au
xxes. il semble peu empl. (
cf. sém.) : M. N. Landais se demande pourquoi on ne dirait pas ironiq.
abatteuse, en parlant d'une femme. Nous n'y voyons aucun obstacle; nous pensons même que l'emploi doit en être généralisé.
Besch. 1845.
A.− Emploi propre, « celui qui abat » (suivi d'un compl.)
− xives. :
Abatteurs d'arbres.
Ord., mars 1388, VII, 775, (Gdf.
Compl.).
− xves. : Ung
abbateur qui la doit abatre [la forest].
Denombr. du baill. d'Évreux, 1453, A. N. P 308, f
o40, (Gdf.
Compl.).
− xviies. : Ce Buscheron est un grand
abbatteur de bois. Ce Magistrat de ville fut en son temps un grand
abbatteur de maisons.
Ac. 1694.
− xviiies.
abatteur de bois : On dit d'un homme fort adroit au jeu de quilles. C'est un grand
abatteur de bois. Trév. 1752.
− xixes.
abatteur de minerai, terme techn. (
cf. abattage, I B Minér.) : Ouvrier employé à l'abatage dans les mines.
Littré.
− Rem. Bien que le sens propre de
abatteur figure dans tous les dict. jusqu'au
xxes. (
Rob. est le seul à indiquer qu'il est vx), il semble qu'à partir du
xviies. l'emploi fig. prévale (
cf. inf. II).
B.− Emplois fig.
1. Abatteur de bois (remuant) (
cf. sém. D 1). D'abord empl. au propre
(cf. sup.), cette expr. entre dans la lang. fam. et fig. dès le
xves. et subsiste jusqu'à nos jours, bien qu'elle soit arch. au
xxes. (au tric-trac,
abattre du bois « abattre des dames pour caser »;
cf. abattre, sém. I A 2 et hist. II B 4);
abateur de bois remuant est du
xviies.
− xves. : Durant la vie du patriarche A Paris faisois tes haulnoys Et belles filles, Dieu le sache; De les traictier la voix avois : Ung tres grant
abateur de boys! Satire contre le Cardinal La Balue, 1469-70,
(IGLF). − xvies. : Vous estiez le chien au grand collier de tout le païs, et le plus grand
abbatteur de bois, qui fust dicy au gué de Vede.
Du Fail,
Propos rustiques, 5, (Hug.).
− xviies. : Ce Jaques dont est question, estoit un grand
abateur de bois remuant, et culbuteur de comeres, et n'espargnoit rien de ce qui se presentoit.
Beroalde de Verville,
Moyen de parvenir, [1612], (Hug.).
− xviiies. : Cet homme est un grand
abateur de bois, ou
de quilles. Trév. 1704.
− Rem. De l'expr. voisine
abatteur de femmes, un seul ex. dans la docum. (
xves.,
cf. étymol. 2).
2. Abatteur de besogne, expr. calquée sur
abattre du bois (
cf. abattre hist. II B 4, rem.), 1
reattest. ds
Besch. 1845.
C.− Emplois arg. −
1. abatteur de pègre, 1
reattest., 1899 (
Esn.);
2. « voleur », 1 seule attest. 1887 (
cf. D 3);
3. abatteuse « fille publique » 1953 (
cf. D 4). Peut-être ext. du sens mentionné par
Besch. apr.
Land. (cf. sup.).