ABATTEMENT, subst. masc.
ÉTYMOLOGIE
I.− Sens propre. − 1. 1180 « action de tuer (dans un combat), massacre » (
Horn et Rimehild, éd. Michel, 4744 ds
Gdf. Compl. : Dunc veist ki la fust tant grant
abatement Dunt pus nuls ne leva ne ne vit sun parent);
2. xiiies. « action de démolir (maisons) » (Arch. mun. Senlis,
Cart. enchaîn., fol. 33 r
o,
ibid. : l'
abastement des mesons).
II.− Emploi fig. − 1. av. 1250 « action d'affaiblir, de diminuer (vertu, sentiment) » (
Délivr. du peuple d'Israël, ms Mans, fol. 10 v
o,
ibid. : abatemenz de corage);
2. 1259 « diminution, rabais (sur un prix) » terme jur. (
Compte pour le Poitou, Bibl. nat., 9016, fol. 15b ds
Gdf. : Habet dominus comes [pictavensis] terciam partem d'
abatement in pretio dictorum piscium);
3. 1437, 18 avril « suppression (d'une institution jur.) » terme jur. (
Ord., XIII, 230 ds
Gdf. Compl. : abattement des aides).
Dér. du thème verbal de
abattre* étymol. 1 et 2, sens propre et fig.; suff.
-ment1*.
HIST. − De
abattre, abattement a surtout conservé le sens fig. dont la perman. depuis les orig. jusqu'à nos jours est remarquable (
cf. inf. II A). Très vite (
xviies.) le sens propre est sorti de l'usage (
cf. Fur. 1690 : ,,
il n'est guère en usage au propre`` et
Ac. 1740 qui ne le mentionne plus qu'au fig.). D'autre part, n'ont subsisté à partir du verbe que 3 emplois techn. dans lesquels l'idée dominante est celle de diminution ou de suppression (
cf. inf. II B).
I.− Disparitions av. 1789. − A.− Sens propre. −
1. « Action de tuer », 1
reattest. 1180 (
cf. étymol. I). Aucune trace jusqu'à
Rich. 1680 qui précise que
abatis lui aurait été préféré en ce sens.
Ac. 1694 le donne également comme peu usité. On le retrouve cependant en 1840 (
cf. ex. 2) mais il semble qu'il s'agisse d'un emploi styl.
2. « Action de démolir », 1
reattest.
xiiies. (
cf. étymol. I), subsiste jusqu'au
xviies.
− xives. : Demolicions et
abatemens de plusieurs forteresses.
Ord., [1388], VII, 778, (Gdf.).
− xves. : L'
abattement de leurs dictes maisons et esdifices.
Ord., [1465], XVI, 419, (Gdf.).
− xviies. :
Abbatement, se prend pour l'action d'abbattre, ou pour la chose abbattue.
Nicot 1606.
− Rem. Cet emploi est ensuite considéré comme vieux (
cf. sup.).
B.− Emplois techn. (terme jur.). −
1. « Suppression » (d'une institution); 1 attest. isolée 1437 (
cf. étymol. II 3).
2. En dr. féodal, « prise de possession » (
cf. abattre), 1 attest. au
xves. : Le puisné fils entra per
abatement en la terre.
Littleton,
Instit., [1475], 396, Houard, (Gdf.).
− Rem. Cet emploi disparaît ensuite de tous les dict. pour n'être attesté au
xixes. que ds
Ac. Compl. 1842 et ds
Lar. 19equi le qualifient d'anc.
II.− Hist. des emplois attestés apr. 1789. − Ce sont tous des emplois fig.
A.− Sém. II, ex. 4-8. − Remarquable stab. au cours des siècles. 1
reattest. 1250 (
cf. étymol. II 1).
− xvies. : Syncope est un soudain et fort
abbattement de la vertu, qui a accoustumé suivre les evacuations desmesurees et les douleurs.
Joubert,
Gr. chir., [av. 1583], p. 236, (Gdf.).
− xviies. : Cet homme est dans un grand
abatement d'esprit depuis le renversement de sa fortune.
Fur. 1690.
− xviiies. : Ce malade est bien mal, je le trouve dans un grand
abattement. Ac. 1762.
B.− Sém. I B emplois techn.
1. Terme jur.
a) « Diminution, rabais » (sur un prix); 1
reattest. 1259 (
cf. étymol. II 2).
− xives. : En deduction et
abatement des autres dis mil lib.
Arch., [1307], JJ 44, f
o67a, (Gdf.).
− xves. : Substraction est certain
abatement de ung nombre de l'autre.
Lortie,
Arithm., f
o66, (
DG).
− Rem. Par la suite, aucune mention de cet emploi qui reparaît au
xxes.
(cf. inf.). b) Terme de dr. fiscal (
cf. I B a); cet emploi semble être la résurgence de l'emploi précédent. 1
reattest. ds
Ac. 1932 : En matière fiscale, il désigne la Déduction à opérer par l'administration, en raison des charges de famille supportées par le contribuable, sur le chiffre des déclarations des revenus nets qui servent de base au calcul de l'impôt général sur le revenu et des divers impôts cédulaires.
2. Terme de blason, 1
reattest. ds
Trév. 1752 : On appelle en Angleterre
abattement, ou
abattement d'honneur, une marque accidentelle ajoûtée à l'Ecu, pour faire connaître une diminution de dignité, à raison de quelque qualité deshonorable, ou de quelque tache dans celui qui la porte. Cela se fait, ou en ajoûtant quelque marque de diminution, ou en renversant tout l'Ecu (
Harris).
− xixeet
xxes., cet emploi n'est signalé que par
Ac. Compl. 1842 et
Besch. 1845, avec une déf. presque analogue; n'est repris par aucun dict. contemp.
3. Terme de chasse, « action de découpler les chiens »; 1
reattest. fin
xives. : Ce doivent tous bons veneurs faire Et puis bien poursuir l'afaire De la chasse, pour plainnement Veoir de chiens
abatement. Hardouin de Fontaine-Guérin,
Trésor de vénerie, [1394], ms., f
o13, (Lacurne, Gdf.).
− N'apparaît plus dans les dict. postérieurs jusqu'à
Besch. 1845 et n'est jamais signalé par
Ac.