ABATTAGE, ABATAGE, subst. masc.
ÉTYMOL. − 1. 1265 « action d'abattre un anim. domestique »; [d'après
Du Cange] « inspection de l'état d'un porc d'après l'examen de sa langue (celui-ci supposant l'animal étendu à terre) donnant lieu à la perception d'un droit par le seigneur » terme jur. (
Revenus du comté de Henaut, Arch. Chambre des Comptes de Lille, ds
Du Cange : Et si a li quens a l'
abataige des pourchiaus LXX solz par an; c'est a entendre de warder s'ils sont sain) voir
langueyeur (de porc);
2. 1313 « action d'abattre (arbres?; objet non précisé) »
id. (
Trav. aux chât. des Comtes d'Artois, Arch. nat., KK 39 fol. 48 ds
Gdf. Compl. : Takes d'
abatage); 1412, 21 mai-20 août « action de couper des arbres »
id. (Arch. Tournai,
Compte d'ouvrages, 6
esomme de mises,
ibid. : Pour l'
abatage du grant hommiel qui estoit à Rumegnies).
Dér. de
abattre*, étymol. 1, sens propre; suff.
-age*.
HIST. − L'étude hist. de
abattage révèle que le mot ne semble avoir eu qu'une vitalité réduite au sens propre et gén. « action de faire tomber ». Dès la 1
reattest. (1265,
cf. étymol. 1) l'emploi est techn. et par suite on ne retrouve le mot que dans des emplois techn. où l'idée de chute comprise dans
abattre subsiste; il est vrai qu'il s'agit de techn. très répandues. On note en outre que
abattage a conservé la plupart des accept. techn. du verbe (
cf. abattre, hist. II B) et qu'il est aussi empl. au fig. dans des accept. où l'idée de démolition (au fig.) prédomine (
cf. inf. II C 1).
− Rem. 1. Les dict. gén. du
xviiies. ne recensent qu'un seul emploi du mot, anc. et très cour.
(abattage du bois) alors que l'
Encyclop. t. 1 1751 et les dict. à tendance encyclop. répertorient d'autres emplois techn. dont la diversification ira en s'accentuant aux
xixeet
xxes. (
cf. inf. II A).
2. L'art. sém. mentionne un sens propre gén. Dans l'ex. 1, il s'agit peut-être d'un procédé de style; dans l'ex. 2, le mot est déjà un terme techn. du vocab. de la bouch. où il aurait remplacé au
xixes. (dès
Ac. 1835)
abattis, attesté en ce sens aux
xviieet
xviiies.
I.− Disparition av. 1789. − « Inspection de l'état d'un porc d'après l'examen de sa lang. », 1 attest. isolée 1265 (
cf. étymol. 1).
II.− Hist. des emplois attestés apr. 1789. − A.− Sém. I B emplois techn. − Ils sont cités ci-dessous dans l'ordre chronol. de leur 1
reapparition.
1. Sylvic. : sans doute perman. dep. les orig. (peut-être dès 1313; 1412,
cf. étymol. 2) jusqu'à l'époque contemp. bien que le terme ne soit pas recensé dans les dict. aux
xvieet
xviies.
− xviiies. : Signifie entre les marchands de bois, la peine et les frais pour
abatre les bois qui sont sur pied.
Fur. 1701.
− xixeet
xxes. : On ne commencera l'
abatage de ces bois qu'au mois de novembre.
Ac. 1835.
− Rem. Aux
xviiieet
xixes. on note dans les dict. l'emploi de
abattage « frais d'abatage »,
cf. ci-dessus
Fur. 1701 mais aussi
Trév. et
Ac. qui l'illustrent par le même ex. (
c'est à l'acheteur à payer l'
abatage). La distinction entre cet emploi et l'action d'abattre les bois n'apparaît que ds
Ac. 1835 (... « action d'abattre les bois (...) ou les frais que ce travail nécessite »). A partir de
Ac. 1878 cette distinction disparaît. Il semble que l'idée de « frais d'abatage » soit tirée du cont. (
payer -) et n'appartienne pas à la lang. proprement dite.
2. Text. : 1
reattest. 1751, subsiste :
Abatage, sixième manœuvre du faiseur de bas au metier (...) On voit l'ouvrage abattu et soûtenu par les aiguilles, avec les mailles formées.
Encyclop. t. 1 1751.
3. Archit., dep. le
xviiies., subsiste : Action d'abattre l'excedant d'une pierre formant saillie.
Lar. 19e. 4. Manutention, 1
reattest. 1751 : On dit dans un chantier et sur un attelier, faire un
abatage d'une ou plusieurs pierres, lorsque l'on veut les coucher de leur lit sur leurs joints pour en faire les paremens.
Encyclop. t. 1 1751. Faire un
abatage (...) c'est lever une pièce de bois par le moyen d'un levier.
Trév. 5. Impr., 1
reattest. 1794, subsiste jusqu'à
DG dans l'état de notre docum. (ex. 22).
6. Police sanitaire, 1
reattest. 1835, subsiste : L'
abatage est prescrit par les règlements, dans le cas de maladie contagieuse.
Ac. 1835.
7. Mar., sém. I B,
abattage en carène, 1785 (
Jal);
id. et « manœuvre dont est l'obj. un navire », ds
Ac. 1835
: Abatage, en termes de Marine, L'action d'abattre un navire.
8. Armurerie, 1
reattest. ds
Ac. Compl. 1842, subsiste.
9. Art. vétér., 1
reattest. ds
Littré : Action de renverser et de fixer les grands animaux sur un lit de paille, quand ils doivent subir des opérations chirurgicales.
Lar. 19e. 10. Lang. des tailleurs, 1
reattest. 1866, subsiste (
cf. Lar. encyclop.).
11. Comm., 1
reattest. 1872 (ex. 11).
12. Jeux, 1
reattest. 1872, subsiste : Dans le baccarat en banque, il y a à peu près la moitié des coups où il y a au moins un
abattage. E. Dormoy,
Journ. des Actuaires franç., t. II, 1872, p. 45 (
Littré Suppl. 1877).
13. Minér., 1
reattest. ds
Littré Suppl. 1877, subsiste : Action d'abattre la houille dégagée par le havage.
Littré Suppl. 1877.
14. Tann. attest. ds
DG, subsiste.
15. Artill., 1908 (
cf. ex. 7).
16. Bois (industrie du), 1926 (ex. 9).
17. Cartier (art du), 1937 (ex. 10).
18. Typogr., attest. 1937 (ex. 21).
B.− Sém. I C, emplois arg. −
1. Graisse d'abattage, 1
reattest. 1870,
Esn.;
2. Maison d'abattage, 1
reattest. 1928,
ibid. C. Sém. II, sens fig. −
1. Sém. II 1. −
a) : « critique », 1
reattest. 1883 ds l'
IGLF; b) « réprimande », 1
reattest. 1872 ds l'
IGLF. 2. Sém. II 2. −
a) avoir de l'abattage, autre attest. 1866 ds
Lar. 19e; est vieilli au
xxes.;
b) « brio, entrain » sur la scène, 1
reattest. 1908
Esn.