AÉROPLANE, subst. masc.
Étymol. ET HIST.
I.− Adj. et subst. 1855, 12 juin, aéron. « (qui applique un) système de navigation aérienne basé sur la notion de forme plane par opposition à la notion d'aérostat ordinaire sphérique » (
Brevet d'invention déposé par Joseph Pline n
o23 774,
Mémoire descriptif du brevet, cité par
Guilb. Aviat. 1965, p. 117 : Sous le titre d'
aéroplane, j'apporte une
nouvelle disposition aéronautique ayant pour objet de former des navires aériens plus faciles à diriger que ceux proposés jusqu'à ce jour [...] D'après cette comparaison des différences qui existent entre la forme d'un navire
aéroplane et celle d'un aérostat ordinaire, on comprend que cette forme plane, horizontale et tranchante puisse être entraînée dans une direction voulue par des hélices ou organes propulseurs avec beaucoup plus de facilité que les aérostats
sphériques...).
II.− Subst. 1. 1864 « appareil de navigation aérienne basé sur le principe du plus lourd que l'air » (
La Landelle,
Soc. d'encouragement pour la locom. aérienne, Rapport de 1864, ibid. : en 1853 M. Béléguic, dans le journal « La Presse » soutenait avec une logique serrée, une vive polémique en faveur de la locomotion aérienne par des
appareils plus lourds que l'air et en 1860, dans « L'Ami des Sciences » il développait avec planches à l'appui son système spécial d'
aéroplane mû par des hélices de traction);
2. 1875 (Penaud ds
l'Aéronaute, p. 52 ds
Guil. op. cit., p. 422 : Les
aéroplanes sont des
surfaces à peu près plates, inclinées d'un petit angle sur l'horizon et poussées horizontalement par des propulseurs);
3. 1877 (V. Tatin ds
L'Aéronaute, p. 83,
ibid. 423 : ... l'idée si intéressante de Henson, qui entraîne au moyen d'hélices un cerf-volant très large et très court ou
aéroplane).
Mot forgé par Joseph Pline (voir 1
reattest. 1855; à remarquer que le créateur du mot n'en fournit pas d'explication linguistique), composé de l'élément
aéro- et d'un second élément qui en raison de l'importance donnée au syntagme « forme plane » p. oppos. à l'aérostat sphérique (voir
Brevet d'invention ds
Guilb. loc. cit.) est prob. l'adj.
plan. Forme fém. de
-plane prob. due à la relation avec
forme (voir
Brevet), le genre masc. du mot entier résultant du rapport d'oppos. avec
aérostat (
Guilb.,
op. cit., p. 118).
− L'hyp. selon laquelle le fr.
aeroplane au sens I serait empr. à l'angl.
aeroplane (
Mack. t. 1 1939, p. 236) est infirmée par le fait que celui-ci n'est en ce sens, pas attesté av. le 28 août 1884 (
NED, Suppl. s.v. qui en fait un empr. au fr.), fait confirmé par
Svante Stubelius,
Airship, Aeroplane, Aircraft. Studies in the history of terms for aircraft in English, p. 249 (en 1809; en effet l'Anglais Cayley formule la théorie du plus lourd que l'air, mais ne crée pas le mot, contrairement à l'indication de Portier ds
R. Philol. fr., XLII, 126). Le recours à l'angl. semble de même inutile pour expliquer le passage de I à II 2; l'influence angl. paraît probable pour les déf. post., qui suivent de près les déf. angl.
(NED) où s'intègrent les transformations successives du concept « aéroplane », jusqu'au remplacement progressif de ce terme par
avion* (créé en 1890). − Portier,
R. philol. fr., pp. 126-127;
Mack. t. 1 1939, p. 236;
Guilb. Aviat. 1965, pp. 116-125;
Stubelius,
Airship, Aeroplane, Aircraft, pp. 224-299.