TROPHÉE, subst. masc.
Étymol. et Hist. A. 1. 1488 « dépouilles d'un ennemi vaincu » (
La Mer des hystoires, I, 47a, éd. 1491 ds
Rom. Forsch. t. 32, p. 177: les filz de victoire sont pompe,
trophée et triumphe); 1653
trophée d'armes (G.
Colletet,
L'Art poétique, éd. P. A. Jannini, p. 21);
2. a) 1550 p. ext. « objet témoignant d'un succès, d'une victoire » (
Ronsard,
Œuvres compl., éd. P. Laumonier, t. 2, p. 162: O de Phebus la gloire, et le
trophée [...] Je te salue, ô luc [= luth] armonieus);
b) 1862
trophée de chasse (
Goncourt,
Journal, p. 1145);
c) 1932
trophée de sport (
Tharaud,
loc. cit.); 1957
trophée sportif (
Camus,
Exil et Roy., p. 1602).
B. 1. Ca 1562 fig.
faire trophée de « se faire gloire de, tirer vanité de » (E.
Pasquier,
Lettres historiques, éd. D. Thickett, p. 79: ce Frere faict [...] plusieurs grands
trophées de sa prison); 1586 (
Id.,
Lettres familières, éd. D. Thickett, p. 194: ceux qui [...] font
trophee de la despouille d'un pauvre pere);
2. 1608 fig. « signe, témoignage d'une victoire, d'un triomphe » (
Régnier,
Satyres, éd. G. Raibaud, VII, 86, p. 76: Dressent à la laideur d'eux mesmes un
trophée).
C. 1. 1554 « groupe décoratif d'attributs divers servant d'ornement » (
Ronsard,
op. cit., t. 6, p 14: J'éleve [...] En
trofée, pour guerdon, Et ma gourde et mon bourdon); 1564 (
Rabelais,
Cinquième livre, éd. Ch. Marty-Laveaux, chap. 33, p. 133: un arc antique, auquel estoit le
trophee d'un beuveur bien mignonnement insculpé); 1765 (
Encyclop.:
trophée de Marine, -
de musique, -
rustique, -
bacchiques, etc.); 1835
trophée de chasse (en sculpt.) (
Ac.);
2. 1559-60 « motif décoratif formé d'armes, de drapeaux, etc. » (L.
de Laborde,
Comptes des bâtiments du roi, t. 2, p. 3: unze fenestres paintes et
trophées [en peint.]); 1565 (
Id.,
ibid., p. 112: un
trophée de morions, arcqs, carquoys [en sculpt.]). Empr. au b. lat.
trophaeum, altér. du lat. class.
tropaeum « trophée (primitivement, un arbre abattu et élagué auquel on suspendait les armes des vaincus, puis un monument élevé sur le champ de bataille); victoire, triomphe; p. métaph.: monument, souvenir », lui-même empr. au gr. τ
ρ
ο
́
π
α
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ο
ν « trophée, monument de victoire élevé, avec les armes prises sur l'ennemi, à l'endroit où la déroute (τ
ρ
ο
π
η
́) avait commencé », neutre subst. de l'adj. τ
ρ
ο
́
π
α
ι
ο
ς « qui fait tourner, qui met en fuite », dér. de τ
ρ
ο
π
η
́ « tour, changement de direction, fuite, déroute ».